Vers l'an 300, l'empire romain fragilisé, régnait par la terreur, en exigeant un culte inconditionnel à l'Empereur. Toute autre forme de religion était considéré comme un contre pouvoir. La force et la violence n'asservissent pas les coeurs, nous le savons encore de nos jours ! On ne se souvient plus du représentant de l'empereur, le très cruel Dacien qui régnait sur l'Aragon, mais celui qui n'a pas faiblit devant la torture est devenu célèbre. Vincent, homme cultivé, s'était donné à Dieu dans le diaconat, pour être au service des pauvres et de la parole de Dieu. Quant on exigea qu'il adore l'empereur, il eu la force de résister. Son martyr fut horrible : écartèlement, lacérations, brûlures. L'enthousiasme populaire a peut-être ajouté quelques merveilles à ces faits : la vive lueur qui régnait dans le cachot où gisait le corps du supplicié agonisant sur des tessons acérés, le loup qui défendait la dépouille du Saint contre les rapaces, le retour immédiat au rivage de son corps jeté en pleine mer ... Quoiqu'il en soit, Vincent a été très vite vénéré. Ces tortures devaient être dissuasives. L'effet fut contraire : elles transformèrent le supplicié en exemple. Saint Augustin et le Pape Léon ont recommandé avec les plus grandes louanges qu'on fasse mémoire de ce saint. Pourquoi les vignerons l'ont-ils choisi comme Saint Patron ? La raison est aujourd'hui oubliée. A priori, horreur des tortures et joyeuses dégustations, ne font pas bon ménage ! Il y a donc là un signe fort. Etait-il lui même dans le métier ? On sait qu'un commerce intense de vin se faisait entre Rome et l'Espagne. Ce n'est pas n'importe quel martyr qui fut choisi. Il y en eu tant à cette époque. Il se pourrait bien qu'il ait eu un lien étroit avec la profession avant les évènements qui le firent tant admirer. Saint-Vincent peut être représenté en dalmatique, vêtement liturgique du diacre, montrant le livre de l'évangile qu'il devait proclamer et suivre, portant la palme des martyrs et une grappe de raisin, une serpette, instrument de son martyre (et de son métier") ou avec une grille, rappelant également ses tortures. II est vénéré partout où l'on fait du vin. On le trouve sur des vitraux, en statue, en image, dans des églises mais aussi dans des caves. Le renouveau dans l'attention qu'on lui porte devrait ne pas être détourné par le folklore, mais au contraire, conduire à la source : l'amour de Dieu et des hommes.
Qu'est-ce qu'un Saint Patron ? Chacun de nous peut avoir un saint patron, souvent celui qui porte notre prénom. Les villes, les pays, ou même des ensembles de pays prennent un Saint Patron. Les professions aussi. Le patron est choisi pour quelques traits majeurs de sa vie : le lieu où il s'est rendu célèbre, son caractère, ses activités, les circonstances de sa mort. II a été déclaré " saint " selon l'héroïcité de ses vertus, jugement confirmé par quelques miracles. Un lien d'affection ou d'admiration se crée entre le Saint Patron et ceux qui le choisissent. II est pris comme protecteur, comme celui qui se fait l'intermédiaire auprès de Dieu pour lui demander de sécuriser, de guérir, de consoler, de conseiller ceux qui le prennent comme patron. Homme comme nous, il est, pour certains, plus accessible que Dieu, et devient ainsi notre confident. Celui qui 'voit Dieu', voit les hommes qui se confient à lui. II est un signe de Dieu à nos côtés. Par ses représentations, images, statues, il nous rappelle l'essentiel : l'amour de Dieu pour nous, et ceux que nous aimons. Dieu est proche. Dans le cas d'un patron professionnel, il témoigne de l'intérêt de Dieu pour notre travail, ses peines et ses joies et pour tous ceux qui en bénéficient. Son exemple, sans faire de lui un modèle, nous aide dans la vie à être meilleur, à faire les bons choix, à organiser notre vie selon des priorités qui font grandir, nous et ceux que nous côtoyons. Son intervention n'a aucun caractère magique qui nous laisserait passif ou dépendant. II nous a montré lui-même le chemin à suivre : l'engagement inconditionnel pour Dieu et les hommes. Faire appel à lui ne peut donc que nous stimuler à nous dépenser et nous convaincre en même temps que tout vient de Dieu.
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