Sainte Anne d’Auray : l’histoire
Un Jour de l'année 1625, un conseiller au Parlement de Bretagne mène une enquête en son manoir de Saint Jean Brévelay. Il interroge un paysan nommé Nicolazic. Notre magistrat a l'expérience des instructions civiles par auditions de témoins, et il procède avec prudence. Mais le cas n'est pas ordinaire. C'est l'Evêque de Vannes, son beau-frère, qui lui a demandé de l'aider de sa sagesse : Nicolazic a vu une pluie d'étoiles tomber sur son champ du Bocenno et sainte Anne lui est apparue pour lui faire retrouver une statue millénaire, et construire une chapelle. L'évêque et le conseiller au Parlement sont finalement convaincus de la véracité du récit de Nicolazic. Il est d'ailleurs confirmé par des témoins dans ses parties essentielles, et la statue annoncée a été retrouvée. Tous les éléments de l'enquête préalable que l'évêque avait fait effectuer concordent avec les déclarations du voyant. Alors, estimant les faits établis,
Mgr de Rosmadec ordonne une seconde enquête sur les aspects théologiques
et spirituels des apparitions de sainte Anne, et sur la personnalité de
Nicolazic. Cette seconde enquête, confiée aux Pères Capucins, est également
favorable, et l'évêque autorise pour le 26 juillet 1625, la première messe
du pèlerinage. Une foule immense, évaluée à 100.00 personnes, y participe. Ces apparitions et ces faits reconnus par l'Église, n'étaient pas destinés aux seuls pèlerins bretons. Le message confié à Nicolazic s'adresse à tous. C'est pourquoi Jean-Paul II a considéré Sainte-Anne d'Auray comme un lieu important à visiter. Mais avant de tenter de saisir la signification de ces apparitions, reprenons-en l'histoire. En ce début du XVIIe siècle, Nicolazic est un paysan du “ Broérec ” - le Vannetais - qui ne parle que le breton et ne sait ni lire ni écrire. C'est cependant un agriculteur capable, aisé, de bon conseil. Mais c'est aussi un homme de vie spirituelle simple et profonde. Priant, aidant les autres, charitable. Enfin comme le diront ses historiens Buléon et Le Garrec un saint laïc. Il faut noter que Nicolazic et sa femme - ils n'ont pas d'enfants encore – habitaient le village de Ker Anna, “ village d'Anne ” en breton, et leur champ du Bocenno selon une ancienne tradition aurait autrefois contenu une chapelle dédiée à sainte Anne. On avait des difficultés à travailler ce champ où les bœufs ne pouvaient entrer avec la charrue. Le père de Nicolazic en avait, quinze ans plus tôt, retiré certaines pierres de granit taillées pour construire une grange. Au commencement d'août 1623 donc, au soir d'une journée de travail, et alors qu'il pensât spécialement à sainte Anne "sa bonne patronne", une lumière très vive éclaira la chambre de Nicolazic et une main apparut tenant dans la nuit un flambeau de cire. A plusieurs reprises, Nicolazic dans la suite, se verra reconduit la nuit, au long des chemins creux, par un flambeau qui le précède. Un soir avec son beau-frère, ils verront une Dame blanche avec un cierge à la main au fameux champ du Bocenno. Une autre fois, c’est une pluie d'étoiles qui tombe dans le champ. Mais tous ces événements se déroulent paisiblement, lente ment. Et Nicolazic qui s'interroge ne change rien à sa vie, sinon prier encore plus. Le 25 juillet 1624, veille de la sainte Anne, la Dame apparaît à nouveau le soir sur le chemin, lui dit des paroles pour le rassurer et le conduit chez lui, un flambeau à la main. Nicolazic cependant ne peut rester avec les siens. S'interrogeant sur ces événements, il s'en va prier dans sa grange. C'est alors qu'il entend sur le chemin “le bruit d'une grande multitude en marche ”. Mais il n'y a personne sur le chemin ! Puis dans la clarté, la Dame
mystérieuse apparaît et voici qu'elle lui parle : “ Yves Nicolazic, ne
craignez pas. Je suis Anne, mère de Marie. Dites à votre recteur que dans
la pièce de terre appelée le Bocenno, il y a eu autrefois, même avant
qu'il n'y eut aucun village, une chapelle dédiée en mon nom. Le recteur réprimandait donc
sévèrement le bon Yves Nicolazic. Mais deux chrétiens laïcs l'encouragèrent,
M.M. de Kermedio et de Kerloguen : ce dernier, propriétaire foncier du
champ du Bocenno promet de le donner pour la chapelle, et il lui conseille
de prendre des témoins des faits merveilleux. Trois jours plus tard, les
pèlerins commençaient à arriver en foule pour prier sainte Anne devant
la statue. C'était la réalisation de cette prophétie à Nicolazic de la
multitude en marche. Multitude qui ne s'est pas arrêtée jusqu'à nos jours.
A partir de ce jour, Yves Nicolazic devient bâtisseur. Il dirige les travaux, conduit les charrois volontaires de pierre ou d'ardoise, les abattages de bois, paie les entrepreneurs, et tout cela avec sagesse et probité, lui qui ne sait ni lire, ni écrire, ni parler autre chose que le breton. La chapelle construite, il s'efface, quitte le village de Keranna pour laisser toute la place à sainte Anne et aux pèlerins innombrables. Jean Loguevel Voir aussi: Questions sur Sainte Anne d'Auray
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