Sommaire - DEUXIÈME PARTIE -
JÉSUS EST-IL DIEU ?

Introduction  |  Première partie : Jésus-Christ est-il historique ?

 

Le défi incroyable de l’historicité de Jésus, c’est que cet homme a son nom associé à l’éventualité d’être Dieu. C’est peut être l’une des raisons pour lesquelles tant d’hommes intelligents ont des difficultés énormes à reconnaître l’historicité de Jésus : ils ont peur en disant “oui” de se trouver entraînés à reconnaître sa divinité. Jésus, parmi toutes les personnes de l’histoire, est celle qui entraîne le plus de réactions. Sa question : “Et vous, qui dites-vous que je suis?” dépasse l’histoire et l’existence. Ce n’est plus seulement Jésus, c’est nous qui sommes en question.

Nous n’avons pas l’intention de répondre en quelques pages, et pour chacun, à ce problème. Nous proposons seulement d’ouvrir une porte sur le mystère. Voici les points que nous soulèverons :

  1. Jésus prétend-il être Dieu ? Renonce-t-il à être homme ?
  2. Jésus et l’idée de Dieu des philosophes.
  3. Le paradoxe de Jésus-homme et Jésus-Dieu.
  4. Pourquoi ce Dieu là et pas un autre ?
  5. Quelle image de Dieu donne-t-il ? Jésus-Christ ?

I - JESUS-CHRIST A-T-Il PRETENDU ETRE DIEU ?

Lorsque l’on prend au sérieux l’existence historique de Jésus-Christ on peut se demander, tellement on le voit comme un homme véritable, s’il a vraiment prétendu être Dieu.

Un certain nombre de penseurs actuels prétendent que Jésus-Christ ne se disait pas Dieu : ce sont ses disciples qui auraient enjolivé l’histoire après sa mort.

Il est exact que dans les débuts de sa vie publique Jésus évite soigneusement d’être appelé le « Messie » un terme mystérieux, mais très important pour les Juifs de son époque. Il cache et essaie de cacher qu’il est « le Saint d’Israël », « le Messie », « le Fils de Dieu. »

Ceci s’explique très bien. En effet, les Juifs, au 1er siècle, espéraient un Messie dont on ne savait pas bien qui il serait, et “Christ” est un mot grec pour dire “Messie”, celui qui a reçu un signe avec de l’huile bénie par Dieu comme le Roi David. Mais cette “espérance d’Israël” était bien différente selon les personnes : pour les nationalistes-religieux (chez eux il n’y avait pas de différence), le Messie devait être un libérateur politique pour redonner l’indépendance à Israël par rapport aux Romains. Pour certains autres comme la Vierge Marie, Élisabeth, Siméon, Anne, etc., c’est beaucoup plus profond. C’est l’attente de la Promesse de Dieu, promesse de salut, promesse de résurrection (les Pharisiens aussi, dont on parle beaucoup dans les Évangiles et les Actes des Apôtres, croient en la résurrection des morts).

Mais cette promesse de Dieu, personne ne connaît encore ce qu’elle sera : Jésus va la révéler peu à peu, en évitant de donner du poids aux fausses images du Messie.

« LE FILS DE L’HOMME »

A plusieurs reprises dans l’Evangile, Jésus va parler du « Fils de l’homme », en s’appliquant à lui-même progressivement cette expression. Que voulait-elle dire ?

Il y a dans un livre de l’Ancien Testament, le livre du prophète Daniel, l’expression et l’image de ce Fils de l’homme. (Daniel, ch.7 verset 9 à 14 et 15 à 28). Cette expression désigne à la fois un homme fils d’homme, de la condition humaine, et en même temps, un homme dépassant mystérieusement la condition humaine, « son Empire est un Empire éternel qui ne passera point » : et « voici venant sur les nuées du ciel comme un Fils d’Homme »...

Déjà le prophète Ezéchiel (ch.1 verset 26) avait parlé d’un être assis sur le fameux « char d’Ezéchiel », cet être a « une apparence humaine » et en même temps, il a « la gloire de Dieu. »

Donc, toute mystérieuse que soit cette figure du Fils de l’homme au temps de Jésus, c’est ce titre là qu’il va revendiquer devant ses Juges du Grand Tribunal Juif, le Sanhédrin : « Désormais le Fils de l’homme siégera à la droite de la Puissance de Dieu » (Luc, ch.22 verset 69).

Et alors, continue le récit « tous dirent « Tu es donc le Fils de Dieu ! « Et il leur déclara : « Vous le dites, je le suis. » (Luc ch.22 verset 70).

Résumons, Jésus a bien revendiqué, à son heure, le fait d’être Dieu. Et au même moment il revendique aussi le fait d’être véritablement un homme : « en moi, dit-il en substance, Dieu s’est fait homme pour vous rencontrer ». (11) Il fait solennellement cette déclaration au moment où il sait que cela va le condamner à mort.

II - LE DIEU DE JESUS-CHRIST EST LE DIEU DES PHILOSOPHES ?

Certains pourraient penser que lorsque Jésus-Christ revendique d’être Dieu, c’est seulement selon la pensée théologique des Juifs. Quels rapports aurait ce Dieu avec le Dieu des philosophes ? Le Dieu sur lequel les gens de tous les temps se sont accordés pour des qualités minimum, s’il existe.

Jésus-Christ semble bien avoir prévu cette question. Il a revendiqué d’être à la fois le Dieu d’Israël et le Dieu universel selon la raison. Il y a un passage dans l’Evangile significatif à ce sujet (Saint Jean, ch.8 versets 56 à 58). Les Juifs discutent avec lui, voici le passage essentiel :

« Abraham, votre père, exulta à la pensée qu’il verrait mon jour. Il l’a vu, et fut dans la joie. »

Les Juifs lui dirent alors : « Tu n’as pas cinquante ans et tu as vu Abraham ! »

Jésus leur dit : « En vérité, en vérité, Je vous le dit : avant qu’Abraham existât, Je suis ! »

En entendant cela, les Juifs prennent des pierres pour lapider Jésus, parce qu’il prétend à la divinité, il se déclare Dieu. Comme ils ne l’acceptent pas comme Dieu, ils ne leur reste qu’à juger qu’il blasphème, c’est-à-dire qu’il insulte très gravement Dieu.

Mais ce qui nous intéresse, ce n’est pas le refus des Juifs et ses conséquences, mais la déclaration de Jésus.

Et cette déclaration-affirmation de divinité est très étonnante. Elle fait à la fois référence aux textes anciens spécifiques d’Israël, et en même temps renvoie au Dieu que tout homme peut exiger. Le renvoi au contexte biblique spécifique d’Israël, c’est que Dieu dans l’Ancien Testament s’est présenté à Moïse sous le nom de « Je suis celui qui est » (Exode, ch.3 verset 14), et comme le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob (Ex.ch.3, verset 6).

En affirmant « Je suis » au delà du temps, Jésus revendique la divinité selon les exigences des philosophes, c’est-à-dire l’éternité ou l’éternel présent. Dieu n’a ni naissance ni fin. Il est celui dont l’existence ne dépend de personne. Il est à la fois le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, Le Dieu des Israélites, et le Dieu de la création.

III - COMMENT JESUS-CHRIST ASSUME T-IL LE PARADOXE : DIEU ET HOMME ?

Pour aider à comprendre, choisissons une image dans l’Ancien Testament, précisément au moment où Dieu s’est révélé à Moïse comme « Celui qui est » : l’histoire du buisson ardent.

C’est une très belle manifestation de Dieu, et qui annonce environ 1500 ans à l’avance, le mystère de Jésus-Christ vrai Dieu et vrai homme.

Moïse, qui garde les troupeaux de son beau-père Jethro, voit dans la campagne du Sinaï un buisson qui brûle sans se consumer. (Livre de l’Exode, ch.3) Il s’approche pour voir cette merveille, et du buisson une voix lui parle :

« Je suis le Dieu de tes pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob. »

Moïse peu après lui demande son nom, et c’est là qu’il répond : « Je suis celui qui est. » C’est bien à cette parole que Jésus faisait référence dans la discussion avec les Juifs citée ci-dessus « Je suis. » Mais cette image fantastique du buisson qui brûle sans se consumer est aussi l’image du Dieu créateur. Le Dieu tout-puissant qui vient dans la création, dans ce buisson. Et qui, au lieu de tout brûler, de tout faire exploser tellement il est puissant, est capable de montrer sa présence symbolisée par le feu, sans qu’aucune feuille ni tige du buisson ne soit détruite.

Donc, de même, quand Dieu s’est fait homme en Jésus-Christ, sa toute-puissance n’a rien fait exploser de la nature humaine. C’est ce que l’Eglise reconnaît lorsqu’elle dit que Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme.

« Vrai Dieu né du vrai Dieu, de même nature que le Père »

« Pour nous les hommes et pour notre salut, Il descendit du ciel, par l’Esprit Saint, Il a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme »

Credo de « Nicée - Constantinople », qui résume la foi chrétienne.

IV - POURQUOI LE DIEU DE JESUS-CHRIST ET PAS UN AUTRE ?

Par Jésus-Christ nous avons connu le Dieu-Trinité, Celui qui est un en trois personnes, le Père, le Fils (Jésus-Christ) et l’Esprit Saint. Mais sommes-nous obligés de croire en Jésus-Christ, ou pouvons-nous trouver d’autres Dieux ?

Il ne peut y avoir qu’un seul Dieu, donc si c’est Jésus-Christ, c’est lui (en trois personnes qui ont le même amour, la même volonté). Il ne peut pas y en avoir un autre en même temps, sinon le premier ne serait pas Dieu, l’Absolu.

Alors ? Suis-je libre de croire à un autre Dieu que Jésus-Christ ? Si vous trouvez un meilleur Dieu que Jésus-Christ, prenez-le. Quand à trouver une autre religion, voici ce qu’en disait Talleyrand. Un de ces « hommes des lumières » proposait pendant la Révolution une nouvelle religion de la raison, pour remplacer le christianisme. Et il voulait recueillir à son sujet les suffrages des députés. Au bout de cinq minutes Talleyrand l’interrompit en disant : « Nous vous croirons volontiers, monsieur, quand vous serez mort pour votre religion, et qu’après trois jours vous ressuscitiez. »

V - QUELLE IMAGE DE DIEU DONNE JESUS-CHRIST ?

C’est la continuation de la réponse à la question précédente. Beaucoup de gens ont peur de Dieu. Un jour en Sibérie, peu de temps après la fin du communisme (1992), des étudiants nous posèrent cette question : « Maintenant que nous sommes libérés des communistes, allons-nous devenir les esclaves de Dieu ? »

Lorsqu’on pose cette question à Jésus-Christ, il répond non par des paroles mais par des actes, à peu près ceci :

Le Dieu que nous sommes, mon Père et Moi, je vous le montre à Noël, quand je viens naître parmi vous. Je viens dans le monde vous rencontrer comme un enfant, et non comme un dictateur tout puissant.

Alors comprenez-vous que ce que je cherche, c’est non pas à faire pression par la force ou la crainte sur votre liberté, mais à obtenir que vous m’aimiez. Et l’on n’aime pas si ce n’est librement.

Parmi beaucoup d’autres, l’image de Dieu que nous donne Jésus-Christ, c’est celle du pardon.

Sur la croix, alors qu’il meurt, mis à mort par nous les hommes Jésus dit à son Père : « Pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. » Et puis, sur la croix encore, au brigand, « le bon larron », qui lui dit : « Jésus, souviens-toi de moi lorsque tu viendras avec ton Royaume », Jésus répond :

« En vérité, en vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis. »

Luc ch.23 versets 39-43

Le Dieu qui pardonne et donne le ciel, y a-t-il un meilleur Dieu que Lui ?

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(11) Bien sûr, tout au long de sa vie publique, Jésus va employer différentes expressions et paraboles pour dire ce fait inouï : l’époux et l’épouse, le Royaume de Dieu, le Fils du Maître de la vigne, la Perle précieuse. Mais « Fils de l’homme » suffit ici à ouvrir la question.

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