Je
mappelle Leila ; Leila-Myriam, depuis que jai reçu
le baptême, il y a dix ans. Javais alors trente trois ans.
Mes parents sont originaires de Kabylie
et sont installés en France depuis plus de 50 ans. Ma famille
étant musulmane, jai été élevée
donc loin de la religion catholique. Jésus névoquait
pas grand chose à la maison, tout au moins le personnage dun
film « peplum » vu en famille. Ma mère en passant
nous fit remarquer que Jésus étant juif, nous étions
de ce fait aux antipodes de lui.
Ainsi pour moi le Catholicisme était
une religion étrangère jusquau jour où, vers
lâge de 10 ans, un autre film, toujours vu en famille, captive
toute mon attention. Il sagit de « Jeux interdits ».
Il sagit dune histoire qui se déroule pendant la
seconde guerre mondiale ; une jeune orpheline est recueillie par une
famille dont le fils a pour jeu favori denterrer les animaux et
de leur célébrer des messes. Lenfant recueillie
ne connaissant pas ses prières de base, le « Notre Père
» et le « Je vous salue Marie ». Il les lui apprend,
et du même coup me les apprend.
Dès le lendemain jimprovise
dans ma chambre un « coin prière » avec une image
de Jésus offerte par une voisine et une statue de Marie («
Notre dame des Victoires). Jai alors continué, sous le
regard amusé de mes frères et surs, à prier
la Vierge Marie régulièrement puis occasionnellement jusquà
ladolescence où, les problèmes identitaires jouant,
jai pris plus de distance avec la foi catholique.
Riche de 2 cultures, et bien que ne pratiquant
pas lIslam, je me sentais malgré tout attachée à
mes origines kabyles. A cette époque je faisait lamalgame
entre culture kabyle et religion musulmane ( en fait les deux ne sont
pas clairement associés dans léducation et dans
la tradition) ; il me semblait que pour mintéresser au
catholicisme, je devrais renier mes origines, et donc une partie de
moi-même.
Jai avancé ainsi jusquà
lâge de 20 ans dans une grande confusion où je revendiquais
de façon peu convaincue mon appartenance musulmane, très
probablement parce que mon cercle damis comprenait quelques musulmans.
Puis est venue pour moi la période
des grandes réflexions, et je réalise alors que la religion
islamique et ma culture berbère sont tout à fait dissociables
et lont dailleurs été dans lhistoire.
Ce constat me rassure et cest en
toute quiétude que je renoue alors avec la foi catholique, accompagnée
par une amie pratiquante. Japprends alors le rosaire, pensant
que tout bon chrétien le récite au moins une fois par
jour, et cest ce que je fais. Je me rends régulièrement
à la messe. Je trouve la liturgie terriblement longue mais peu
à peu une frustration de na pas communier se fait sentir. La
question du baptême se pose alors, mais je la chasse aussitôt
; je ne veux surtout pas ressembler à ces paroissiens peu souriants
qui avaient tous lair dêtre crucifiés. Pourtant
je persévère, comme assoiffée de la parole de Dieu.
Cest du reste le seul moment attrayant de la messe pour moi.
Ma déconvenue est grande quand
je réalise que la récitation du rosaire est peu répandue
parmi les Chrétiens. Si cette religion accepte autant de libertés,
à quoi bon devenir catho. Me dis-je. Tout en continuant de loin
en loin à me rendre à léglise, je découvre
la pensée positive, et notamment les écrits dun
pseudo docteur Murphy sappuyant sur des textes bibliques.
Je nai dautres ambitions que
de devenir heureuse et cela semble marcher au prix de nombreux efforts,
mappuyant sur mes propres forces. Au moindre coup de déprime,
jingurgite un nombre impressionnant de manuels ( de la méthode
Coué à la relaxation Zen).
Je
fonctionne ainsi quelque temps et, alors que jarrive à
30 ans, je rencontre le directeur de lentreprise pour laquelle
je travaille , jeune, dynamique, joyeux, très dans son temps,
et surtout pratiquant. Il me fait part de la joie quil éprouve
à aller à la messe. Son témoignage me met devant
une réalité nouvelle. Je réalise que lon
peut être pleinement vivant et être chrétien, que
la joie nest pas exclue de la foi catholique.
Alors je reconsidère la question.
Je mets en balance ma pile de livres de pensées positives et
le Nouveau Testament, et quelques mois plus tard je demande le baptême.
Quest
ce que Jésus a changé dans ma vie ?
Et
bien, peu de temps après mon baptême, un incident ma
permis de réaliser combien Jésus avait changé ma
vie.
Un certain temps après ma conversion,
javais éprouvé le besoin de changer de métier.
Jai entrepris, avec dautres cadres en recherche, un bilan
de compétences sous la conduite dune consultante. Celle-ci
se plaisait à nous dire que plus aucune méthode de développement
personnel navait de secret pour elle.
A la fin du bilan, elle me dit : «
Leila, tu es en recherche demploi, tu traverses les mêmes
difficultés que les uns et les autres, et pourtant tu es rayonnante
de joie ; tu donne ton temps avec plaisir à soutenir les autres.
Tu fais mon travail ! Tu es un monstre déquilibre ; quel
est ton secret ? Je suis sûre que tu as de bonnes adresses à
me donner ! »
Je lui ai alors répondu : «
La seule adresse que je connaisse est celle de Jésus, et sa carte
de visite est inscrite sur mon front depuis mon baptême ».
Quel ne fut pas son étonnement !!!
Le baptême na pas fait de
moi un être éthéré sans problèmes
ni difficultés, il a tout simplement changé mon regard
sur les évènements, sur les êtres, et sur moi-même.
Il ma libéré de mes inquiétudes, de mes peurs.
Et du même coup remplie de joie et despérance, me
laissant ainsi plus disponible et ouverte aux autres.
Jai longtemps cru que les chrétiens
navaient de cesse de convertir à tout prix, et voulaient
sapproprier la conversion de tous les païens (peut être
pour moi le syndrome du colonisé). Aujourdhui je suis convaincue
que Dieu seul convertit les curs avec une infinie douceur et patience.
Et finalement je pense, comme Bernadette, la Sainte de Lourdes, que
nous chrétiens nous ne sommes pas chargés de faire croire,
mais chargés de dire.
Aujourdhui je mappelle toujours
Leila, et même si Myriam sy est ajouté, je nai
depuis mon baptême changé ni didentité ni
de tempérament. Bien plus, grâce à cette formidable
rencontre avec Jésus, et accompagnée avec douceur par
la Vierge Marie, je peux maintenant vivre pleinement, chaque instant
de ma vie, le prénom choisi par mes parents.
Pour en savoir
plus :
- Le
Baptême
- Pourquoi jai demandé
le Baptême
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