1. Le Crucifié du SuaireL'image du Suaire, avec les plaies marquées par les taches de sang est d'une précision telle que nous pouvons savoir ce qu'il a subi, comment il est mort.
Parmi ceux qui ont travaillé sur cet aspect du Suaire et vérifié expérimentalement les tourments que révèle le Linceul, citons le docteur Pierre Barbet, de l'hôpital St Joseph de Paris, les docteurs Hynek, de Prague, Hermann Moedder, de Cologne, Vincent Donné et Metras, de Marseille.
L'homme du Suaire est mort crucifié (reconstitutions Hynek et Moedder). Le crucifié meurt par asphyxie. Tantôt il se soulève sur les pieds, mais la souffrance des pieds cloués lui fait se suspendre par les mains. Celles-ci produisant à leur tour une telle souffrance que le crucifié alterne à nouveau, la respiration devenant de plus en plus difficile. Quand les crucifiés n'avaient plus la force de se soulever, ils mouraient d'asphyxie.
D'après St Augustin (auteur chrétien du IVe siècle, l'un des plus grands auteurs latins) &laqno;aucune manière de mort violente n'était plus terrible que la mort sur la croix».
- La flagellation l'homme du Suaire a subi une flagellation terrible: 120 coups ont laissé une trace. On estime que l'homme du Suaire a reçu 60 coups d'un fouet à 2 lanières ayant au bout des osselets (ou boules de plomb?). Legrand a fait une reconstitution sur un tronc d'arbre, obtenant une distribution semblable, indiquant soit 2 bourreaux opérant de droite et de gauche, soit un seul, avec coups droits et revers.
- Le visage a aussi reçu des coups d'une grande brutalité: déchirure triangulaire sous l'oeil droit, nez déformé indiquant une fracture, les deux arcades sourcillières, particulièrement la droite, tuméfiées et enflées.
J.J. Walter (Le Visage du Christ, Paris 1984) relève les signatures de la crucifixion: la tétanie des muscles, l'enclouage dans les poignets (observations de Barbet) à l'espace dit de Destot on relève la trace de ce clou en plaie sur le Suaire. Les coulées de sang sur les bras montrent deux angles qui correspondent à l'alternance d'appui sur les pieds et suspension sur les bras. Sur le pied droit, on voit la plaie, trace d'un clou entre les 2e et 3e métatarsiens, en avant de la ligne dite de Lisfranc. Expérience concordante faite par Barbet.
- Les meurtrissures du dos Barbet a démontré que les meurtrissures en biais du dos correspondent au fait de porter une poutre analogue à une traverse de chemin de fer, et que l'homme est tombé en portant cette poutre.
- La plaie au côté Blessure ovale de 48 mm sur 15, entre la 5e et la 6e côtes, d'où le sang a coulé abondamment. Un liquide clair a coulé avec le sang laissant, sans se mêler à lui, des traces roses très pâles.
La blessure a été faite après la mort, elle se serait refermée sinon. Donné et Metras ont déterminé, d'après les épanchements, que les poumons devaient être rétractés et que la blessure au côté, dans ces conditions, a dû être faite moins d'une heure après le décès.
- Les plaies à la tête La tête et le front portent des plaies circulaires de 3 mm de diamètre, avec des coulées ondulées par les rides du front. Ces rides sont fixes, ce qui suppose une contracture des muscles frontaux d'un quart d'heure, soit une violente douleur. L'arrière de la tête porte des traînées analogues.
On en conclut que le crucifié a porté un casque d'épines dures, enfoncées violemment.
Les taches de sangJ.J. Walter, à la suite de Vignon et Legrand, a particulèrement étudié les taches de sang. Barbet, dans La Passion selon le chirurgien (Paris, 1950), a décrit les blessures et les a mises en relation avec la crucifixion.
A l'endroit des taches de sang, contrairement à l'image générale "roussissement", le tissu est imprégné et traversé dans les cas les plus importants comme à l'endroit de la plaie du côté.
Les taches de sang normalement s'étendent par capillarité dans les fibres dans le sens horizontal et vertical, selon la direction des fils de chaîne et des fils de trame. Ici, les taches ont un contour net.
Pierre Barbet a observé que ces taches ont été faites avec du sang coagulé et non du sang frais. Et, par exemple, la goutte de sang qui, sur le front, se termine en coulée a la forme d'une cuvette, due à la coagulation.
Les expériences de Vignon ont montré que le sang coagulé, réhumidifié, dans une atmosphère humide, tend à l'état humide, par dissolution de la fibrine. Quand 50 % de la fibrine est dissoute, le décalque des caillots de sang a la meilleure netteté. Avant, le sang trop dur ne marque pas le linge; après, il se forme des auréoles de capillarité qui brouillent les formes.
Des expériences sur le sang ont été menées en 1978 Des chercheurs des Etats-Unis (R.A. Morris, L.A. Schwalbe et J.R. London) ont montré que les zones tachées de sang contiennent de l'hémoglobine humaine. Une autre étude, publiée en 1980 (J.H. Heller et A.D. Adler) a démontré également la présence de sang par une opération de micro-chimie extrêmement précise (le protocole expérimental permet de déceler le nanogramme, c'est-à-dire le millière de gramme).
Les taches de sang ont un intérêt immense pour le Saint Suaire: elles montrent les plaies d'un crucifié conforme à l'Evangile d'une part, et aux connaissances médico-chirurgicales d'aujourd'hui d'autre part.
2. Qui est le crucifié du Suaire?
Les analogies du crucifié du Suaire de Turin avec le Crucifié de l'Evangile sont les suivantes:
- le crucifié du Suaire a subi la crucifixion romaine, telle que l'histoire et les documents archéologiques l'attestent (Os du crucifié de Giv'at ha mivtar, 1er siècle), clous des mains et des pieds, poutre, etc.;
- il a subi des blessures conformes au couronnement d'épines, ce qui n'est rapporté dans l'histoire, à notre connaissance, pour aucun autre crucifié, mais seulement pour le Christ:
- il n'a pas eu les os des genoux brisés, comme le Crucifié de l'Evangile;
- il a subi la flagellation, supplice romain que ceux-ci n'appliquaient pas concurremment à la crucifixion (voir Walter), mais que Pilate a ordonné pour le Christ;
- il a eu le côté percé après la mort, comme le Christ, et il en a coulé du sang et de l'eau;
- il a été mis dans un linceul riche et détaché rapidement de la Croix, ce qui n'était pas habituel, comme le Christ.
On peut conclure avec certitude que le crucifié du Suaire de Turin a subi exactement la Passion du Christ dans les Evangiles.
Ceci est très important: même s'il n'est pas le Crucifié des Evangiles, le crucifié du Linceul est en tout cas une icône véritable de la Passion du Christ et un témoignage unique sur la Passion. On comprend que les croyants doivent le vénérer de façon spéciale.
En corollaire, si l'on supposait qu'au XIIIe siècle on ait fait subir volontairement à un homme la Passion du Christ, on ne possédait, à cette époque, ni les informations archéologiques et historiques suffisantes, ni les données médico-chirurgicales pour réussir ce que nous voyons et comprenons aujourd'hui: le mystère serait encore plus grand