Padre Pio :
Uni au sacrifice du Christ

par Joachim Bouflet

Ordonné prêtre le 10 août 1910, Pio de Pietrelcina distribue des images sur lesquelles il a fait imprimer :

« Jésus, mon souffle et ma vie
aujourdíhui en tremblant
je tíélève dans un mystère díamour,
quíavec toi je sois pour le monde
Voie, Vérité, Vie
et pour toi prêtre saint victime parfaite. »

Cette prière exprime les aspirations du nouveau prêtre. Elle annonce ce que sera sa vie : un sacrifice à la louange de la gloire de Dieu. Chez Padre Pio, le sacerdoce ministériel ne peut se concevoir sans cette dimension oblative, qui unit le prêtre au sacrifice du Christ. Une parole du concile Vatican II síapplique, a posteriori, tout à fait à lui : « Ministres de la liturgie, surtout dans le sacrifice de la messe, les prêtres y représentent de manière spéciale le Christ en personne, qui síest offert comme victime pour sanctifier les hommes » (Presbyterorum ordinis). Pendant plus díun demi-siècle, Padre Pio représentera, au sens propre le plus fort, « le Christ qui síest offert comme victime ». La grâce de la stigmatisation visible, de portée charismatique chez lui, soulignera en permanence cette identification entre líunique Grand Prêtre Éternel et son prêtre.

Díemblée, à cause de sa santé fragile, son confesseur lui dit lors de sa première messe : « Tu nías pas beaucoup de santé, tu ne peux pas être un prédicateur. Je te souhaite donc díêtre un grand confesseur. » Paroles prophétiques. La vie sacerdotale de Padre Pio síest épanouie entre líautel et le confessionnal, toute donnée à la célébration de líeucharistie et au ministère des âmes.

Un prêtre selon le Coeur de Dieu

Dès 1913, il écrit : « Le Seigneur mía fait voir comme dans un miroir que ma vie entière ne sera rien díautre quíun martyre. Jésus lui-même veut mes souffrances, il en a besoin pour les âmes. » La grâce de la stigmatisation, signe pour líÉglise et le monde dans la personne de Padre Pio, est le sceau de cette configuration mystique à Jésus Prêtre et Victime. Si anachronique que puisse paraître aujourdíhui cette dimension du prêtre, elle níen est pas moins fondamentale, et le concile Vatican II ne síest pas fait faute de le rappeler. À une époque de remise en cause de certaines formes du sacerdoce, Padre Pio est apparu comme la figure par excellence du prêtre « total », en qui justement étaient soulignées les priorités du ministère : la célébration de líeucharistie pour rassembler le peuple de Dieu dans la communion ecclésiale, et le soin des âmes. Tout son ministère a été ordonné à líeucharistie, « source et sommet de toute la vie chrétienne » (Lumen Gentium). Par la confession, il ramenait les âmes à líeucharistie, à la vraie vie. Par la direction spirituelle et líapostolat de la correspondance, il stimulait les âmes à síabandonner sans réserve à líamour divin. Son leitmotiv était líamour de Dieu et du prochain. Il síy donna sans réserve, passant parfois 19 heures au confessionnal — comme le saint curé díArs — et guidant les âmes avec la sûreté díun Don Bosco, dont il se rapproche par ses charismes de discernement. Et sa messe, sommet de sa journée, rassemblait le peuple de Dieu dans la célébration du Dieu de Miséricorde qui a donné son Fils pour la rédemption des hommes. Il fut un prêtre selon le Cúur de Dieu, brûlant de zèle pour la gloire de Dieu et le salut des âmes.

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