Belfast,
le 11 mars. De la colline de Dunmury, premier faubourg au sud de la
ville, on peut apercevoir au loin les grues du port et les portiques
roulants des chantiers navals, et tout à côté, les
Montagnes Noires ; curieusement le sommet de ces collines d'allure sauvage
et héroïque est attaqué par d'énormes engins
de carrières, comme si la civilisation en voulait à leur
hauteur, ou plutôt à " leur altesse ". Chaque
jour, par groupes de deux, les jeunes de la mission s'en vont frapper
aux portes et sont généralement accueillis chaleureusement.
C'est l'occasion de dire qui sont justement ces missionnaires, venus
de douze pays : Irlande du Sud, France, Belgique, Pays Bas, Danemark
Pologne, Hongrie, Autriche, Slovénie, Portugal, Chine, Australie
et Brésil. Cependant la "
prohibition " intercommunautaire n'est pas strictement observée.
Parmi les 50 " Open Houses " organisées par des personnes
invitant leurs voisins et amis à rencontrer pour un soir des
" missionnaires ", plusieurs d'entre elles sont l'occasion
de rencontrer des personnes de l'Eglise d'Irlande (Anglicans), Presbytériens,
ou Méthodistes. Pour beaucoup, c'est la découverte, à travers les témoignages et les chants, d'une relation simple et ouverte avec un Dieu vivant, et aimant. L'adversité a aidé souvent à la fidélité à la foi dans laquelle on a été baptisé, la foi de sa Communauté. La pratique régulière, les prières, et même les dévotions se sont maintenues jusqu'à aujourd'hui parmi beaucoup. Mais d'autres se sont éloignés à cause de la souffrance et de la guerre civile. Les temps changent, et les jeunes professionnels se font moins assidu à " la Paroisse ". Il y a besoin aujourd'hui d'entrer dans une foi plus personnelle, de découvrir l'amour unique de Dieu pour moi, et d'écrire mon propre chemin vers lui, hors de lui, de questions et de réconciliations : une véritable histoire d'amour. " Dieu est
amour ", il ne vient pas pour vous imposer des lois et des devoirs
austères et sans raisons, comme un tyran à des sujets,
mais il entre dans le monde à Noël comme un enfant pour
quêter humblement notre amour Ce but est atteint par différents moyens : témoignages et discussions dans les classes, spectacle de marionnettes pour les plus petits une mère me disait comment son fils de quatre ans racontait l'histoire de Bar Timée vue aux Marionnettes : " Jésus a guéri l'aveugle ; l'aveugle a demandé en criant à Jésus de le guérir ; il y avait beaucoup de monde avec Jésus ; l'aveugle était tout seul au bord du chemin et il attendait " Tout le scénario remonté à l'envers Des
soirées spécialisées sont proposées pour
les Couples, pour ceux qui sont seuls, sur l'éducation des enfants,
sur la L'intérêt
de telles missions est démontré de façon convaincante
par le fait qu'une dizaine de personnes de Dungannon sont venues pour
deux ou trois jours, voire plus, et même pour deux d'entre elles
, deux semaines complètes participer à la Mission de Belfast.
Dungannon est cette ville de 20.000 habitants, à quatre-vingt
kilomètres d'ici, où a eu lieu Les deux évènements les plus spectaculaires de cette mission sont le Musical " Joshua " et la venue des reliques de Sainte Marguerite Marie. Ces reliques ont été accueillies avec émotion par le vieux curé : c'était comme un sourire de Dieu à ce peuple qui a tant souffert, et dont trois générations ont prié dans leurs maisons devant une image du Sacré Cur. Les Reliques seront aussi accueillies à Dungannon, où avait eu lieu la première Mission Irlandaise l'an dernier à même époque. En 24 heures, heures, c'est un flot ininterrompu qui défile dans l'Eglise : 5.000 livrets avaient été imprimés , il n'y en aura pas assez. Le P. Edouard Marot, supérieur des Chapelains de Paray Le Monial les accompagne ces reliques. Il a effectué de nombreux séjours en Irlande du Sud il y a plusieurs années pour aider aux lents débuts de la Communauté Emmanuel à Dublin ; il en voit aujourd'hui les fruits. Les Irlandais et Irlandaises du Sud sont parmi les plus expérimentés, les plus zélés mais aussi les plus créatifs des missionnaires de Belfast. Le spectacle musical " Joshua ", uvre d'un prêtre compositeur, Markus Wittal, de la School of Mission, a été préparé par des jeunes de Belfast sur ses instructions depuis plusieurs mois, avec la contribution des sociétés musicales locales, et d'un groupe de danses irlandaises ; le rôle principal de femme est tenu par une catholique, l'homme est un Presbytérien. Une des représentations est d'ailleurs donnée dans une église presbytérienne. De haute qualité, vivante, moderne, cette sorte de comédie musicale contribue à donner une image dynamique et joyeuse de la culture chrétienne ; elle permet comme on le voit de s'adresser sans risques problèmes aussi bien aux Protestants qu'aux Catholiques. Au cours de la mission, des dizaines de classes, des centaines et des centaines de maisons auront été visitées ; l'accueil est le plus souvent très favorable. Soixante personnes ont " ouvert " leur maison pour une " OpenHouse ", et une dizaine de demandes survenues au cours de la mission ont du être refusées, faute de personnes à envoyer pour les animer. Elles auront largement contribué, en plus des grandes assemblées de prière pour les malades, d'adoration , de confessions et de retraite, au succès en profondeur de la mission. Quel sera le résultat de celle-ci ? D'ores et déjà le Curé estime que les sept mois de préparation pour expliquer l'esprit, l'organisation de la logistique, des repas, des transports, des OpenHouse ou du musical ont transformé les relations entre paroissiens et donné un élan de solidarité et d'espérance. Des témoignages de conversion de mariage à l'Eglise, de retour à l'église montrent déjà avant la fin de la mission qu'il se passe quelque chose au fond des curs. La
Saint Patrick, dimanche 17 mars, clôture avec l'enthousiasme qu'on
peut imaginer la Grande Mission de Belfast. Une Saint Patrick qui n'est
plus seulement un souvenir du passé dans cet Ulster qui a tant
souffert, mais un nouvel élan de " l'Ile des Saints ".
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