MISSION à BELFAST

 

La Mission de Belfast, du 3 au 20 mars 2002, dans la paroisse catholique de Sainte Anne est particulièrement significative de la " Nouvelle Evangélisation en Europe de l'Ouest, au surplus en un pays qui sort à peine de la guerre civile.
 

 

      Belfast, le 11 mars. De la colline de Dunmury, premier faubourg au sud de la ville, on peut apercevoir au loin les grues du port et les portiques roulants des chantiers navals, et tout à côté, les Montagnes Noires ; curieusement le sommet de ces collines d'allure sauvage et héroïque est attaqué par d'énormes engins de carrières, comme si la civilisation en voulait à leur hauteur, ou plutôt à " leur altesse ".
      La Paroisse Sainte Anne de Dunmury a été construite il y a dix huit ans, dans une partie du vaste parc d'un collège, autrefois tenu par les Sœurs du Sacré Cœur. Aujourd'hui, autour de l'église moderne, se dressent parmi les vertes pelouses les divers bâtiments des écoles primaires et secondaires catholiques. A l'heure de la sortie s'échappent des flots d'écoliers en rouge pour le primaire, en bleu pour le secondaire.
      
Autour, sur le sommet des collines, sur les pentes, entre les parcs ou les golfs, des dizaines de lotissements de petites maisons agréables où vivent des gens simples ou plus aisés.
      Nous sommes apparemment loin des ghettos catholiques ou protestants entourés de murs, et dont les emplacements sont soigneusement délimités par des barres de couleurs sur les trottoirs. La paix, ici, commence à produire ses effets, mais les communautés, même quand elles habitent ensemble, continuent de s'identifier discrètement : les 80 missionnaires de la grande mission de Belfast-Ste Anne ont des listes de " paroissiens catholiques ", à la porte desquels ils peuvent sonner ; pour les autres portes, il vaut mieux s'abstenir de ce qui pourrait être considéré comme une provocation. Je racontais à une Irlandaise de l'équipe que, chez Robinson's, un fameux pub du centre, plein jusqu'à la gueule de fumée, de bière et d'Irlandais, nous avions eu peine à accrocher un sujet spirituel avec nos voisins de table ; ils avaient seulement réagi quand nous avions parlé d'internet, et du site des " Questions de l'homme "( http://www.emmanuel-info.com/via): astrologie, amour, vie après la mort… " Vous savez , me dit-elle, en Irlande du Nord, parler religion dans un lieu public peut nuire gravement à la santé. "

        Chaque jour, par groupes de deux, les jeunes de la mission s'en vont frapper aux portes et sont généralement accueillis chaleureusement. C'est l'occasion de dire qui sont justement ces missionnaires, venus de douze pays : Irlande du Sud, France, Belgique, Pays Bas, Danemark Pologne, Hongrie, Autriche, Slovénie, Portugal, Chine, Australie et Brésil.
La majorité sont des jeunes appartenant à l'anglophone "International School of Mission " de Rome, animée par Steve Lawrence, ancien joueur professionnel, fameux, de football australien. Il y a aussi les jeunes de " l'année Saint Joseph ", venant de Namur en Belgique, qui ont choisi de passer une année pour discerner leur appel au sacerdoce dans la Communauté de l'Emmanuel. Enfin divers autres jeunes, étudiants et professionnels se sont joints à eux avec quelques couples pour un week end, pour une semaine, pour les deux semaines de la mission dans ce pays de L'Irlande du Nord, si contrasté et éprouvé.

Cependant la " prohibition " intercommunautaire n'est pas strictement observée. Parmi les 50 " Open Houses " organisées par des personnes invitant leurs voisins et amis à rencontrer pour un soir des " missionnaires ", plusieurs d'entre elles sont l'occasion de rencontrer des personnes de l'Eglise d'Irlande (Anglicans), Presbytériens, ou Méthodistes.
Les réponses aux " Questions " sont la meilleure façon d'entrer en dialogue et de répondre à la recherche de Dieu des gens. En général une présentation-témoignage des missionnaires ouvre le débat.

     Pour beaucoup, c'est la découverte, à travers les témoignages et les chants, d'une relation simple et ouverte avec un Dieu vivant, et aimant. L'adversité a aidé souvent à la fidélité à la foi dans laquelle on a été baptisé, la foi de sa Communauté. La pratique régulière, les prières, et même les dévotions se sont maintenues jusqu'à aujourd'hui parmi beaucoup. Mais d'autres se sont éloignés à cause de la souffrance et de la guerre civile. Les temps changent, et les jeunes professionnels se font moins assidu à " la Paroisse ". Il y a besoin aujourd'hui d'entrer dans une foi plus personnelle, de découvrir l'amour unique de Dieu pour moi, et d'écrire mon propre chemin vers lui, hors de lui, de questions et de réconciliations : une véritable histoire d'amour.

" Dieu est amour ", il ne vient pas pour vous imposer des lois et des devoirs austères et sans raisons, comme un tyran à des sujets, mais il entre dans le monde à Noël comme un enfant pour quêter humblement notre amour
         Telle est la ligne principale de la mission, aider les gens à découvrir Jésus comme un ami personnel, qui ne désire pas autre chose pour nous que notre bonheur ; un bonheur vrai et pour toujours.

     Ce but est atteint par différents moyens : témoignages et discussions dans les classes, spectacle de marionnettes pour les plus petits… une mère me disait comment son fils de quatre ans racontait l'histoire de Bar Timée vue aux Marionnettes : " Jésus a guéri l'aveugle ; l'aveugle a demandé en criant à Jésus de le guérir ; il y avait beaucoup de monde avec Jésus ; l'aveugle était tout seul au bord du chemin et il attendait… " Tout le scénario remonté à l'envers…

     Des soirées spécialisées sont proposées pour les Couples, pour ceux qui sont seuls, sur l'éducation des enfants, sur la
souffrance, pour les hommes , pour les femmes, comment être chrétien dans son travail pour les professionnels. Ces différentes rencontres suscitent de nouvelles questions et alimenteront peut être des conversations entre voisins dans les semaines qui viennent.

     L'intérêt de telles missions est démontré de façon convaincante par le fait qu'une dizaine de personnes de Dungannon sont venues pour deux ou trois jours, voire plus, et même pour deux d'entre elles , deux semaines complètes participer à la Mission de Belfast. Dungannon est cette ville de 20.000 habitants, à quatre-vingt kilomètres d'ici, où a eu lieu
l'année dernière la première " grande mission d'Irlande du Nord " menée par la Communauté de l'Emmanuel. C'est d'ailleurs à la suite de la renommée de celle-ci que Mgr Tom Bartley , curé de Sainte Anne, s'est laissé convaincre par l'un de ses vicaires, le P. Peter O'Kane, d'inviter la Communauté et la School of Mission pour ces deux semaines de nouvelle évangélisation, la dernière année de son ministère paroissial.
A 76 ans, il quittera Sainte Anne en septembre prochain.
     Un détail qui parle : il avait fait des économies depuis des années pour offrir un vitrail à l'église qui a été construite il y a quelques années, un vitrail. Finalement, il a offert l'argent pour le voyage des jeunes missionnaires.

     Les deux évènements les plus spectaculaires de cette mission sont le Musical " Joshua " et la venue des reliques de Sainte Marguerite Marie. Ces reliques ont été accueillies avec émotion par le vieux curé : c'était comme un sourire de Dieu à ce peuple qui a tant souffert, et dont trois générations ont prié dans leurs maisons devant une image du Sacré Cœur. Les Reliques seront aussi accueillies à Dungannon, où avait eu lieu la première Mission Irlandaise l'an dernier à même époque. En 24 heures, heures, c'est un flot ininterrompu qui défile dans l'Eglise : 5.000 livrets avaient été imprimés , il n'y en aura pas assez. Le P. Edouard Marot, supérieur des Chapelains de Paray Le Monial les accompagne ces reliques. Il a effectué de nombreux séjours en Irlande du Sud il y a plusieurs années pour aider aux lents débuts de la Communauté Emmanuel à Dublin ; il en voit aujourd'hui les fruits. Les Irlandais et Irlandaises du Sud sont parmi les plus expérimentés, les plus zélés mais aussi les plus créatifs des missionnaires de Belfast.

     Le spectacle musical " Joshua ", œuvre d'un prêtre compositeur, Markus Wittal, de la School of Mission, a été préparé par des jeunes de Belfast sur ses instructions depuis plusieurs mois, avec la contribution des sociétés musicales locales, et d'un groupe de danses irlandaises ; le rôle principal de femme est tenu par une catholique, l'homme est un Presbytérien. Une des représentations est d'ailleurs donnée dans une église presbytérienne. De haute qualité, vivante, moderne, cette sorte de comédie musicale contribue à donner une image dynamique et joyeuse de la culture chrétienne ; elle permet comme on le voit de s'adresser sans risques problèmes aussi bien aux Protestants qu'aux Catholiques.

    Au cours de la mission, des dizaines de classes, des centaines et des centaines de maisons auront été visitées ; l'accueil est le plus souvent très favorable. Soixante personnes ont " ouvert " leur maison pour une " OpenHouse ", et une dizaine de demandes survenues au cours de la mission ont du être refusées, faute de personnes à envoyer pour les animer. Elles auront largement contribué, en plus des grandes assemblées de prière pour les malades, d'adoration , de confessions et de retraite, au succès en profondeur de la mission.

    Quel sera le résultat de celle-ci ? D'ores et déjà le Curé estime que les sept mois de préparation pour expliquer l'esprit, l'organisation de la logistique, des repas, des transports, des OpenHouse ou du musical ont transformé les relations entre paroissiens et donné un élan de solidarité et d'espérance. Des témoignages de conversion de mariage à l'Eglise, de retour à l'église montrent déjà avant la fin de la mission qu'il se passe quelque chose au fond des cœurs.

    La Saint Patrick, dimanche 17 mars, clôture avec l'enthousiasme qu'on peut imaginer la Grande Mission de Belfast. Une Saint Patrick qui n'est plus seulement un souvenir du passé dans cet Ulster qui a tant souffert, mais un nouvel élan de " l'Ile des Saints ".

Hervé Catta

 

 


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