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Qui était Thomas More ?


Thomas More - Collection de la Reine Windsor

 

    Résumé: Thomas More, 1478-1535. Père de famille, avocat, écrivain, célèbre« humaniste » de la Renaissance anglaise, ami d'Erasme, diplomate, ministre, et finalement Lord Chancelier de Henri VIII, il démissionne pour ne pas soutenir le divorce du roi. Sa fermeté dans le témoignage de la vérité le conduira au martyre à la suite d'un procès inique.

    Vie de Thomas More: La vie de Thomas More suit l'éclosion de la Renaissance, elle se termine avec les premiers ensanglantements enfantés par la Réforme.
    Thomas More touche quiconque n'est pas irrémédiablement hostile au talent, au courage, et au martyre. Parmi les nombreux films dont il a été le héros, " un homme pour l'éternité " (1) donne une idée assez vraie de ce qu'a été son destin.
    Fils d'un avocat de Londres, Thomas recevra d'abord une excellente formation en qualité de page du Cardinal Morton . Cette formation sera telle qu'en suite en deux ans à Oxford, il deviendra capable d'être l'un des meilleurs traducteurs anglais pour les anciens auteurs grecs et latins. D'ailleurs à Oxford à l'époque, on est à l'amende si au lieu du latin on dit quelques mots d'anglais. Il entrera dans le cercle des grands professeurs d'Oxford qui font entrer l'Université dans la culture gréco-latine de la renaissance, sera l'ami d'Erasme de Rotterdam, le plus célèbre « humaniste de la renaissance en Europe du Nord; quant à lui, Thomas More, il sera le premier en Angleterre.
    John More, le père, l'envoie à Lincoln's Inn ( l'école de droit du Barreau), où il sera à sont tour professeur à la fin de son cycle d'études juridiques. Il excellera dans le droit, les procès, les négociations commerciales, la diplomatie, les lettres.
    En 1505, il épouse Jane Colt, fille d'un petit gentilhomme terrien, dont il aura quatre enfants; Jane, très aimée, meurt en 1510. Pour élever les quatre petits enfants il se remarie aussitôt avec Alice Middleton, veuve d'un négociant, plus âgée. Les enfants recevront aussi grâce au père une éducation « humaniste » remarquable: Margaret More ( qui épousera Ropers, premier historien du chancelier) sera réputée la femme d'Angleterre sachant le mieux le latin et le grec; quant à Dame Alice, Thomas lui fait apprendre la musique et à jouer de divers instruments. Avec les visites d'Erasme, et celles des Colet et autres professeurs d'Oxford, la maison de Thomas More, puis son manoir de Chelsea deviendront une petite académie des arts et des lettres.


Portait de Thomas More peint par Hans Holbein


    Au cours d'une mission diplomatique aux Pays Bas il écrit " l'Utopie ", un essai de philosophie politique fameux jusqu'à nos jours. Traducteur, écrivain spirituel dont l'humour réjouis tout Londres, Thomas More deviendra un ardent défenseur de la foi Catholique face aux Luthériens. Parmi ses divers ouvrages de controverse, sa « Supplique pour les âmes du Purgatoire » reste aujourd'hui un texte merveilleux.

    Les critiques exprimées dans l'Utopie contre certains aspects sociaux et politiques d'Angleterre n'empêcheront pas, au contraire, Thomas More d'être appelé aux fonctions politiques: chargé de missions diplomatiques, au Parlement, aux Finances, à la Justice, au Conseil du Roi, et, premier laïc & non-noble, il sera nommé " Lord Chancelier " par Henry VIII d'Angleterre.
    Mais son respect du droit, des libertés, de l'unité de l'Eglise autour du Pape, le conduiront à refuser de s'incliner devant les exigences tyranniques d'Henri VIII. Celui-ci bien que contraire aux Luthériens, va rompre avec l'Eglise Catholique en se faisant proclamer autorité spirituelle suprême en Angleterre. Il désire en effet faire annuler son mariage avec Catherine d'Aragon, pour empêchement de parenté: ce que Rome ne peut accepter, car la dispense avait été donnée précisément pour cette parenté. Le premier époux de Catherine, frère aîné d'Henri VIII, alors très jeune, était mort avant la consommation du mariage. Le roi va progressivement obtenir du Parlement une approbation, et des Evêques, un abdication. Sauf un évêque, John Fisher.
    Mettant en avant des raisons de santé, Thomas More demande à se retirer de la charge de Lord Chancelier et se retire dans son manoir de Chelsea.
    Mais Henri VIII ne peut supporter la désapprobation tacite de More qui refuse de prêter le serment imposé déjà aux Evêques de le reconnaître, lui, roi d'Angleterre, comme chef suprême de l'Eglise Catholique. Seuls un Evêque, John Fisher, et un laïc, Thomas More. Ils seront tous les deux condamnés à mort.
    E. M. Ganne dans son livre, Thomas More, aux éditions Nouvelle Cité, explique fort bien la trame de ce procès inique au cours duquel More fera preuve jusqu'au bout de ses qualités de juriste, dans une remarquable défense des droits de la conscience, des droits de l'homme. Il faudra un faux témoignage pour donner l'apparence de justification à la condamnation pour lèse majesté.
     Dans le film « Un homme pour l'éternité », remarquable sur le plan historique, on voit More prendre la parole après l'acceptation du faux témoignage: c'est tout à fait exact. Il récuse comme illégal l'Acte de Suprématie, et déclare qu'il est en vérité poursuivi pour sa non approbation du mariage. Enfin, rappelant dans les Actes des Apôtres le martyre d'Etienne, il promet de prier au ciel pour ses Juges. (En anglais,on lira avec intérêt le Thomas More, de Chambers, et celui plus récent de Peter Ackroyd).
    Il faudrait pouvoir dire l'humour de Thomas More qui réjouissait tout Londres. Cet humour ne s'arrêtera qu'avec sa décapitation: selon un témoin, il aurait dit « Ma tête appartient au Roi, mais la barbe, fais attention de ne pas l'abîmer ».

 

1- Titre français d'un très beau film anglais sur Thomas More, (titre original "A Man for all seasons") réalisé par Fred Zinnemann et interprété par Sir Paul Scofield dans le rôle de "Thomas More"; sortit en 1966 (6 oscars). Existe en DVD.

Pour en savoir plus:


 - Notice sur Thomas More, par  Keith WATSON,  in Perspectives, revue trimestrielle d'éducation comparée de l'UNESCO

- oeuvres de Thomas More

- « Thomas More, saint Patron des responsables de Gouvernement et hommes politiques », lettre apostolique du Pape Jean Paul II, 1er novembre 2.000.

- Questions sur les saints, questions sur les hommes

 


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