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Qui était EMILIANO TARDIF ? |
Emiliano nous a quittés. Nous ne lentendrons plus dire " les petites brebis du Seigneur ". Je me souviens de lui lorsque je lai rencontré à Montréal pour la première fois. Dans le stade Olympique 70 000 personnes étaient réunies pour ce rassemblement charismatique en 1979. Il y avait là Don Helder Camara, le courageux petit évêque brésilien, qui allait publier peu de temps après, avec le cardinal Suenens, " Renouveau et engagement ". Le lendemain un quotidien de Montréal titrait sur toute la page " Jésus roi du stade ". A la sortie je réussissais
à rejoindre celui qui avait prié pour les malades, ce Père Tardif dont nous avions parlé dans " Il est Vivant " deux ans auparavant. Nous sommes allés dans un bistrot boire un " seven up " et je lui ai posé mes questions.
" Emiliano "sappelait en réalité " Emilien ", il parlait français à la façon du Québec natal, avec cette saveur de " la Belle Province " devenue depuis familière aux charismatiques du monde entier. Chaleur, bon sens, audace tranquille dans la foi, liberté par rapport aux critiques et aux soupçons des " spécialistes " des choses religieuses, celui qui devait faire vingt fois le tour du monde pour lévangélisation dont une fois sans valise avait toutes les qualités des francophones du Nouveau Monde . Et , en plus, les charismes que Dieu lui donnait.
Il navait pas toujours été celui que nous avons connu , lévangélisateur charismatique qui déplaçait les foules au Liban, au Zaïre, au Mexique, lanimateur de messes et de prières de guérison, le prédicateur de retraites de prêtres et celui qui à Saint Domingue, dans les paroisses dont il était chargé multipliait les groupes de prière ruraux les catéchèses et les enseignements. Dans les années 70, Provincial de sa Congrégation, il disait " ce nest pas tant de prières qua besoin lAmérique Latine, mais dengagement ".
En 1973, à Saint Domingue, il était atteint par une tuberculose aigüe et rapatrié en urgence sanitaire au Canada . " Entre les premiers examens et la mise au point du traitement, des amis sont venus me voir. Ils mont demandé si je croyais que Jésus pouvait guérir les malades. Jétais daccord pour le temps où Jésus était en Palestine , et pour le principe, mais complètement affolé quand ils mont déclaré quils allaient immédiatement prier avec laide de lEsprit Saint pour ma guérison. Je leur ai demandé de fermer la porte, mais heureusement lEsprit Saint avait eu le temps dentrer. Jai été guéri au bout de trois ou quatre jours, et les médecins ny comprenaient plus rien. "
Après avoir demandé à ses supérieurs de consacrer à létude du Renouveau Charismatique une partie du temps quaurait nécessité son traitement, " Padre Emiliano " comme lappellent les Latino-Américains retourne à Saint Domingue. On lenvoie dans une bourgade de lintérieur appelée Pimentel ou il commence un groupe de prières. On lui demande de prier pour les malades, ce quil ne peut vraiment refuser après ce qui lui est arrivé. Le problème cest quil y a des guérisons En cinq semaines le groupe de prières passe de 200 à 40.000 personnes. Cétait le début dune aventure qui allait conduire Emiliano à annoncer lEvangile jusquaux extrémités de la terre.
En 1979, après le Rassemblement de Montréal Pierre Goursat invita le Père Tardif au Pèlerinage International Charismatique de Lourdes . Après cette première visite en France, Emiliano y sera invité de nombreuses fois, en particulier à Paray le Monial où il vint jusquà 25.000 personnes. Le P. Tardif aimait travailler avec la Communauté de lEmmanuel, et en général avec des Communautés, afin de maintenir la prière de guérison dans une dimension dévangélisation, de paix et de rencontre de lamour de Dieu. En 1980 il était au Cameroun avec une petite équipe de la Cté Emmanuel où figurait Danielle Proux. Il était invité par lEvêque de Sangmelima pour le 90eme anniversaire de lévangélisation du diocèse. A la suite dune erreur sur la nécessité pour les Canadiens davoir un visa, Emiliano fut retenu toute une nuit à laéroport. Finalement les fonctionnaires lui facilitèrent avec bienveillance lentrée dans le pays. Le P Tardif, par la suite, aimait remarquer que parmi les personnes guéries à Sangmelima et à Yaoundé , il y avait spécialement des fonctionnaires et la femme de préfet On ne sait pas qui manifesta sa reconnaissance au Seigneur en offrant une défense déléphant, mais il est vrai que toute une allégresse populaire accueillait les merveilles de Dieu, nous en avons été témoin. Larchevêque de Douala nous confiait : " En lisant lEvangile, je me disais " mais pourquoi Jésus ne ferait pas ici au Cameroun ce quil a fait autrefois en Palestine ? " Et cest ce que je vois aujourdhui. " On était loin du néo-jansénisme intellectuel hypercritique qui régnait alors dans des facultés de Théologie, et qui interdisait à Dieu de manifester amour et bienveillance.
Pour le Père Tardif, les guérisons étaient un don damour du Seigneur pour les personnes et pour lévangélisation. " Malades, disait-il, vous avez raison de demander au Seigneur dêtre guéris, il ne faut pas avoir peur de lamour de Jésus, de labondance de son amour ". Et il ajoutait : " cest vrai, " tous les malades ne sont pas guéris. Pourquoi Jésus na-t-il pas guéri tous les " malades quil a rencontrés sur son chemin ? Cest là un mystère de son " amour , si Jésus ne guérit pas, cest quil a un autre plan pour nous, plus " merveilleux encore : unir notre souffrance physique à sa souffrance " rédemptrice. Et dans ce cas, dautres frères bénéficient des fruits de notre " maladie, vécue dans la sérénité et dans la joie. Cest ainsi que dans mon " ancienne paroisse de Nagua, une mère de sept enfants souffrait dun cancer. " Nous avions beaucoup prié pour sa guérison. Mais le Seigneur ne la pas " guérie : il est venu la chercher. Au même moment, une jeune prostituée de 21 " ans a été guérie dun cancer au ventre. " Cette jeune femme navait pas osé, par honte, se mêler à la foule qui priait sur un grand terrain voisin de lEglise. Elle sétait cachée derrière une palissade de planches pour suivre lassemblée de prière ; cest là, derrière les planches quelle a été guérie.
" Le corps, le Seigneur le guérit parfois pour la vie terrestre, mais lâme, disait Emiliano Tardif, il la guérit pour la vie éternelle ". Il avait 71 ans. Cest à Cordoba, en Argentine, où il animait une retraite pour les prêtres, quest mort, le 8 juin 1999 le P. Tardif. En apprenant quil était parti vers Dieu, je me suis rappelé sa répartie au cours dune conférence de presse sur la péniche le Mont Thabor, en 1979 : Les journalistes sceptiques et critiques lui disaient " mais comment se fait il que tout le monde ne soit pas guéri ? ". Et Emiliano de répondre " moi aussi je me pose cette question , et ce sera la première question que je poserai en arrivant là haut ! "Hervé Catta