Né en 1885 à Gymnich près de Cologne en Allemagne, Joseph Kentenich fut le fondateur du Mouvement Familial de Schoenstatt. Il était " d’une bonne famille honorable ", selon le curé de sa paroisse qui lui fit une attestation pour le recommender quand il voulait entrer au noviciat des Pères pallotins (fondation de Vincent Pallotti) à Limbourg en 1904. Il fut ordonné prêtre le 8 juillet 1910 et fut professeur dans un collège à Ehrenbreitstein jusqu’en 1912 quand il fut muté à Schoenstatt à Vallendar, près de Coblence où on le nomma directeur spirituel des étudiants au collège de Schoenstatt.


Liberté personnelle
Dès le début, le Père Kentenich comprit la nécessité de former " des personalités fortes et libres " pour permettre aux gens de résister à la mentalité de masse de l’époque qui limitait leur liberté personnelle. Il discerna l’incapacité de l’homme moderne d’établir de sérieuses relations affectives ; d’où une certaine insécurité et absence de stabilité. Il voulait cultiver et encourager des relations personnelles dans la vie religieuse et profane de ses étudiants. Le " personnalisme " de Mounier, le philosophe français, l’intéressait. Mais il percevait surtout la très grande importance d’une relation profonde avec la Sainte Vierge et la nécessité d’un espace, un lieu qui serait un chez-soi spirituel (heimat). Puis, il entendit parler d’un lieu de pèlerinage à Valle di Pompei en Italie récemment mis en valeur par un avocat italien, Bartolo Longo, qui s’était entièrement confié à la Vierge. En très peu de temps les pèlerins affluaient à ce sanctuaire marial.


Renouveau de la vie ecclésiale
Au bout de deux ans d’expérience comme directeur spirituel des jeunes, le Père Kentenich fut convaincu que Marie, grâce à son pouvoir maternel et sa sagesse, devait jouer un rôle extrêmement important dans leur formation. Schoenstatt pourrait devenir pour eux un lieu source de grâce et de force spirituelle. Il insistait dans ses enseignements sur l’importance de s’efforcer d’atteindre la sainteté dans les événements de la vie quotidienne (sainteté du quotidien). Il leur expliquait l’importance d’offrir des sacrifices personnels, petits ou grands, à Dieu le Père en les confiant à " la bourse de grâce " de Marie, inséparable de son fils Jésus Christ. Ce langage ne plaisait pas en dehors du Mouvement ! Il parlait aussi du " cheque en blanc " pour indiquer la spiritualité de l’abandon de soi à la Providence Divine. Puis, la Première Guerre Mondiale fut déclarée. Les jeunes gens furent appelés à s’inscrire dans l’armée. Ils avaient besoin de se savoir ancrés dans un foyer spirituel (spiritual home) où ils avaient des liens affectifs. Le père Kentenich eut la possibilité de se servir d’une petite chapelle dans le cimetière à Schoenstatt où il posa une image de la Sainte Vierge que l’on connaît depuis sous le titre de la MTA (Mère Trois fois Admirable). Le 18 octobre 1914 il rédigea un acte fondateur pour une sodalité qui formulait Une Alliance de l’Amour avec Marie, Mère de Dieu et notre mère. Un de ces jeunes gens s’appelait Joseph Engling et il fut le premier à être tué en bataille dans le Nord de la France près de Cambrai. En 1915 on fit le " parallèle Ingolstadt-Schoenstatt ". En fait, la Sodalité Mariale d’Ingolstadt, une des premières fondées en Allemagne, avait donné lieu à un renouveau de la vie ecclesiale dans le Sud de l’Allemagne. Alors, pourquoi pas Schoenstatt en 1915 ?


Bénédiction papale
Sa Sainteté Pie XI donna sa bénédiction au Mouvement Apostolique de Schoenstatt en 1922. Dorénavant, le mouvement se diversifia et il se forma des Instituts des Sœurs de Marie, des Frères de Marie, les Dames de Schoenstatt, les Pères de Schoenstatt, les Prêtres diocésains de Schoenstatt et encore d’autres éléments. En 1933, le Père Kentenich envoya les premières Sœurs de Marie en Afrique du Sud. Presque trente ans plus tard, en 1962, il envoya trois Pères de Schoenstatt pour les rejoindre dans leur apostolat au Cap. Deux de ces Pères y oeuvrent encore aujourd’hui et servent sans réserve les plus pauvres dans des communautés noires dans un " township " de la banlieue du Cap aussi bien qu’au Transkei. En 1935 et 1936 des Sœurs furent envoyées au Brésil, en Argentine et au Chili. Une première maison en Suisse fut établie par des Sœurs en 1938. A l’heure actuelle, il y a aussi des Sœurs en Irelande et en Ecosse. Entretemps, le Père Kentenich donna inlassablement des retraites, des conférences, des enseignements et des sessions de formation. Pour lui, Marie était profondément et par excellence, éducatrice ; elle formait les hommes et les femmes et le Père Kentenich élabora des enseignements sur ce thème. Mais en 1939 avec la déclaration de la Deuxième Guerre Mondiale et au moment de la célébration du Jubilé de Schoenstatt (25 ans), le Mouvement connut une cruelle adversité. Le Gestapo de Fulda dénonca le Mouvement auprès de la police secrète. Le Père Kentenich fut arrêté le 20 septembre 1941 et resta en détention solitaire à Coblence pendant un mois. Il refusa de profiter de l’exemption du camp de concentration accordée dans son attestation médicale et choisit de son plein gré de se faire interner à Dachau en 1942.


Mission Apostolique à Dachau
Malgré les conditions exécrables au camp, le Père Kentenich ne cessa pas d’œuvrer pour le Mouvement et il fonda les Frères de Marie ainsi que le Mouvement Familial pendant sa détention à Dachau. La Croix d’Argent de Pie XII lui fut décernée pendant son internement. Pendant cette même période on construisait le premier sanctuaire jumeau au Paraguay. C’est que la petite chapelle à Schoenstatt où se trouve l’image MTA (Mater Ter Admirabilis) devint le symbole du " foyer de l’Alliance ", le " Mont Thabor " ou lieu de grâce dans le monde entier. L’Alliance en question est en fait l’Alliance de l’Amour faite par tous les membres de la famille de Schoenstatt au cours d’une petite consécration personnelle à la Sainte Vierge. Des copies exactes de ce sanctuaire existent maintenant dans plusieurs pays, y compris l’Afrique du Sud, l’Amérique du Sud, l’Amérique du Nord, l’Australie, l’Italie, et la Suisse pour en nommer quelques-uns.


De Schoenstatt à Milwaukee
Le Père Kentenich fut libéré en 1945 et rentra à Schoenstatt à la Pentecôte. Pendant sept ans il s’efforça d’élaborer une spiritualité mariale ainsi qu’une bonne formation des prêtres, des religieuses, etc. et il voyagea beaucoup à l’étranger pour visiter les différentes familles de Schoenstatt. Mais il se heurta à une forte opposition au sein même de l’Eglise car il avait des idées " nouvelles " et de nombreux disciples qui apprécaient énormément sa direction spirituelle. C’était un pasteur très paternel. Il encourageait ses pénitents à s’efforcer d’ atteindre la sainteté personnelle et à envisager " une société nouvelle dans un monde nouveau ", avec une espérance surnaturelle. Il avait le charisme de pouvoir donner aux gens " un petit aperçu du Ciel " pendant qu’ils étaient toujours sur terre pour les pousser vers un désir plus profond d’une vie de sainteté. Jusqu’à ce jour il y a des pèlerins qui jouissent encore de cette expérience dans les sanctuaires de Schoenstatt. A la suite de cette opposition dans l’Eglise il fut exilé d’Europe en 1952 et il passa les quatorze années suivantes à Milwaukee aux USA où il fut pasteur de la communauté allemande locale. " Avec sa vision à lui, nous avons vu une personne. Il nous a permis de voir la Sainte Vierge Mère de Dieu comme une personne qui nous côtoyait et partageait les joies et les peines de notre vie quotidienne de la même façon que nous…un modèle pour les hommes aussi bien que les femmes. " On construisit un sanctuaire jumeau à Milwaukee et il choisit un site magnifique tout près, à Waukesha, où se trouve maintenant Le Centre International de Schoenstatt (International Schoenstatt Center) qui sert de lieu de rencontre pour des retraites, des congrès etc.. Sur le même terrain il y a un couvent pour les Sœurs et une maison pour quelques Pères de Schoenstatt.


Enfin de retour chez lui

Pour le Père Kentenich, la clé du secret de la construction d’une société chrétienne nouvelle se trouverait dans la reconnaissance dans la foi de la relation unique entre Jésus et Marie. Il fut convaincu qu’une société nouvelle naîtrait si on donnait au monde un caractère marial en voyant en Marie " la compagne officielle (comme un diacre !) du Christ dans l’accomplisse-ment de la rédemption du monde. " Il encouragea les mères de famille de devenir des " petites Marie ". Dans l’Alliance de l’Amour avec Marie ses " enfants " peuvent connaître une transformation spirituelle qui leur permette d’aller témoigner dans le monde avec une grande confiance et un zèle missionnaire. Ils connaissent la sécurité que donne un chez-soi, un abri, et ils peuvent donc oser sortir dans le monde, munis de la certitude que la bataille contre les forces du Mal sera gagnée . En 1965 le Père Kentenich fut reçu à Rome par le Pape Paul VI. Il rentra à Schoenstatt où il mourut le 15 septembre 1968 dans la sacristie de l’Eglise de l’Adoration après avoir célébré la messe de Notre Dame des Douleurs. Le Père céleste l’accueillit chez lui, dans la Maison du Père, à l’âge de 80 ans. Le 18 octobre 1974, le 60ième anniversaire de la fondation de Schoenstatt, le Vatican accepta d’ouvrir la cause de béatification pour le Père Joseph Kentenich.


Valérie LEWIS

Prière de Consécration à N.D. de Schoenstatt
O ma Souveraine ! O ma Mère ! je m’offre tout à vous : et, pour vous prouver mon dévouement, je vous consacre aujourd’hui mes yeux, mes oreilles, ma bouche, mon cœur, et tout moi-même. Puisque je vous appartiens, O ma bonne Mère, gardez-moi, défendez-moi, comme votre bien et votre propriété. Amen.


Sources :
Voir : Joseph Kentenich – A life for the Church – by E. Monnerjahn (Schoenstatt Publications, Cape Town)

 

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