Siméon et l’enfant Jésus Fra Angelico, La Présentation du Christ au Temple (détail),
fresque, couvent Saint-Marc Florence
Jésus et les enfants
Gérard David, La Vierge à la soupe au lait, début du XVIe siècle,
musée des Beaux-Arts de Strasbourg © John Pole
Fra Angelico, Sainte Conversation
(détail, L’Enfant Jésus debout sur les genoux de sa mère)
couvent Saint-Marc Florence
Siméon et l’enfant Jésus
Fra Angelico, La Présentation du Christ au Temple (détail),
fresque, couvent Saint-Marc Florence
François Boucher, La Lumière du monde (détail),1750, musée des Beaux-Arts de Lyon. © John Pole

Introduction de l'éditeur

Au moment où cette brochure allait être mise sous presse, était présentéeà Rome par Mgr Fisichella, président du Conseil pontifical pour la Nouvelle Évangélisation, une réforme du Directoire pour la catéchèse (25 juin 2020). La catéchèse devra désormais être décidément orientée vers l’évangélisation.
« Évangéliser ce n’est pas d’abord apporter une doctrine, c’est plutôt rendre Jésus Christ présent et l’annoncer (Directoire) ». C’est exactement ce que le présent texte propose et nous nous en réjouissons avec toutes les personnes qui ont décidé de le diffuser amplement.

 

Frédéric Hémard
Merci à Martine Catta pour sa contribution au fond du texte, à Marie Gabrielle Leblanc pour l'apport de la plupart des illustrations, à Christine Sakharov pour la maquette,

Quand l’enfant s’en va…
Ils ne grandissent pas tous. Jean est mort d’un accident à juste six ans. Dans les jours qui suivirent son grand-père était très triste. Une nuit où il se réveillait en pleurant, il entendit la voix de l’enfant disant « Faut pas pleurer Bon-Papa ». Une seconde fois il se réveille en pleurant, même voix de l’enfant. Une troisième fois, et l’enfant dit « Faut pas pleurer Bon-Papa, si tu savais comme je suis heureux. »

Anne de Guigné, avait fait sa première communion à cinq ans . L’évêque de Nice qui n’avait pas encore bien réceptionné les recommandations de Pie X, demande un examen de l’enfant par un père jésuite, diplômé de théologie. Celui-ci recevant Anne accompagnée de sa mère dit en guise d’accueil « Bientôt on va demander la première communion pour les enfants au berceau ». Mais l’Esprit Saint permit à Anne de répondre à toutes ses questions d’une façon et d’une justesse qui impressionna le théologien. Anne était dans ses premières années une enfant volontaire et très difficile. Son père meurt à la guerre en 1915, elle a quatre ans. Sa mère lui dit : «·Si tu veux me consoler, il faut être bonne » Devant le chagrin de sa mère, Anne décide alors d’être bonne et de tout faire pour la consoler. Dans cette compassion passe la grâce. Rapidement Anne se met à essayer de faire pour le mieux, pour sa mère et pour ses jeunes frères et soeurs, afin de les aider et de leur faire plaisir.
Dans sa maladie finale, elle offrira tout pour être unie à Jésus. Elle rejoint Jésus au Paradis à dix ans. Marguerite-Marie avait onze ans en 1922. Elle se mourait de la tuberculose, neuf mois après sa mère. Dans les derniers jours elle disait : «·Je n’ai pas à me plaindre, je peux encore remuer les jambes le bon Jésus sur la Croix ne pouvait pas, lui, elles étaient attachées… ». Ou encore « Moi au moins j’ai de l’eau pour ma pauvre gorge ; Jésus quand il eut soif comme moi, on lui a donné du vinaigre. » Xavier, sept ans, entend un missionnaire témoigner dans son école. Celui-ci disait : « Pour être missionnaire, il ne faut pas avoir peur des lions ». Le petit Xavier se dit alors « Je serai missionnaire, je n’aurai pas peur des lions » . Après ses études il entre chez les Salésiens, disciples de Don Bosco. Il part en Équateur. En plus de l’espagnol il apprend le quichua, traduit dans cette langue des livres de l’Ancien Testament et publie une « Gramàtica del quichua ecuatoriano ». Il anime une émission de radio en quichua pour les Indiens le dimanche matin. À la fin il est nommé responsable du sanctuaire marial du Guaico, où venaient les riches et les pauvres de tout le pays. Avec ses collègues Salésiens ils aident les Indiens des hautes altitudes à constituer des centaines de coopératives. Le coeur usé probablement par les changements incessants d’altitude, de 1500 à 5000 m, il meurt à 62 ans. Pour combien d’hommes et de femmes la première communion a été essentielle pour toute leur vie chrétienne !

à Frédéric Aimard pour avoir soutenu ce projet.
Sommaire

Qui n’a pas été frappé un jour par le sourire d’un tout petit enfant, comme l’ouverture sur un mystère joyeux ?

Siméon et l’enfant Jésus

Nous pouvons essayer de regarder les petits enfants comme le vieux Siméon a regardé Jésus.
L’avenir de l’Église, n’est-ce pas les enfants ? Car la porte d’entrée du ciel, c’est l’enfant : « En vérité je vous le dis : quiconque n’accueille pas le Royaume de Dieu en petit enfant n’y entrera pas. ». (Marc 10, 13-16)

Stanislas
Un jour je croise dans la rue une voisine, jeune mère de famille avec ses quatre jeunes enfants. Le plus jeune, Stanislas, a environ huit mois. Je m’adresse à lui et lui dit : « Bonjour Stanislas ! Jésus  était petit comme toi ; il t’aime beaucoup ! » Stanislas, allongé dans sa voiturette, a exulté de joie, avec le corps, les bras… Je me suis rappelé Jean-Baptiste exultant dans le sein d’Elisabeth à la Visitation de Marie portant l’enfant Jésus.
Depuis je regarde avec attention les petits enfants, et les salue avec des mots très simples. Je les évangélise.
Si Dieu le Fils s’est fait petit enfant pour nous rencontrer, c’est aussi pour rencontrer les
petits enfants. À nous de les reconnaître comme « capables de Dieu(2)  » et de nous adresser à eux comme à une personne.

Dans toute la Bible, Dieu s’adresse aux enfants aussi bien qu’aux adultes

(1)« Il est rare qu’un enfant n’ait pas eu – ne fût-ce qu’à l’état embryonnaire – une espèce de vie intérieure, au sens chrétien du mot. Un jour ou l’autre, l’élan de sa jeune vie a été plus fort, l’esprit d’héroïsme a remué au fond de son coeur innocent. » Georges Bernanos

(2) Rose-Marie de Casabianca, psychologue clinicienne pour enfants, L’enfant capable de Dieu, Développement sychologique et éveil spirituel avant trois ans. Fayard, éditions. D’après l’expression de saint Irénée au IIe siècle, l’homme capable de Dieu.

Jésus et les enfants
La première communion

1. Dans l’Ancien Testament
Dieu regarde la personne dès sa conception, même avant : Isaïe – « Yahvé m’a appelé dès le sein maternel. Dans les entrailles de ma mère il a prononcé mon nom. » (Isaïe 49, 1)
Jérémie – « Avant même de te former au ventre maternel, je t’ai connu, avant même que tu sois sorti du sein, je t’ai consacré comme prophète des nations. » (Jérémie 1, 5)
Psaume 8 : « Par la bouche des enfants, des tout-petits » et Jésus cite ce psaume en disant : « De la bouche des tout-petits et des nourrissons tu t’es ménagé une louange ». (Matthieu 21, 16)
Samuel enfant : Une nuit, par trois fois le Seigneur appelle l’enfant. Averti par le prêtre, la troisième fois Samuel répond : « Parle Seigneur, ton serviteur écoute ». (1er livre de Samuel, ch.3.)

2. Nouveau Testament
Jésus, adulte, accomplissant sa mission d’annonce du Royaume de Dieu, va déclarer qu’il veut accueillir les enfants sans condition d’âge. « Prenant un petit enfant, il le plaça au milieu d’eux et l’ayant embrassé, il leur dit : «Quiconque accueille un des petits enfants comme celui-ci à cause de mon nom, c’est moi qu’il accueille, et quiconque m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. » (Marc 9, 36)
« On lui présentait de petits enfants pour qu’il les touchât, mais les disciples les rabrouèrent. Ce que voyant Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les petits enfants venir à moi ; ne les empêchez pas, car c’est à leurs pareils qu’appartient le Royaume de Dieu. En vérité je vous le dis : quiconque n’accueille pas le Royaume de Dieu en petit enfant n’y entrera pas. » Puis il les embrassa et les b énit en leur imposant les mains. (Marc 10, 13-16)

Il va jusqu’à dire que si nousmême ne devenons pas comme un petit enfant, nous n’entrerons pas dans le Royaume de Dieu. Jésus nous apprend que c’est la joie du Père et du Fils de se révéler aux tout-petits – au propre et au figuré : « À cette heure même il tressaillit de joie sous l’action de l’Esprit Saint, et il dit : “Je te bénis Père, Seigneur du ciel et de la terre, d’avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l’avoir révélé aux tout-petits. Oui Père, car tel a été ton bon plaisir”. » (Luc 10, 21)

L’enfant jusqu’à cinq ans
Dès la conception, les parents et les proches sont conscients du caractère vivant et unique du  petit d’homme en gestation. Il est pris en compte non seulement dans les projets, mais aussi dans la prière, par les parents, et les frères et soeurs le cas échéant. À travers sa mère on peut lui parler, ce qui renforce sa dignité d’être humain à part entière.
Une fois né, quand les parents sont des chrétiens conscients, c’est le baptême. Le plus rapidement possible. Ne retardons pas l’accueil du don de Dieu qu’est le baptême ; et chantons alors : « Tu es devenu enfant de Dieu et frère de Jésus… » N’est-ce pas une mauvaise considération de retarder le baptême parce que tel ou tel parent ne peut venir qu’à telle date ? Est-ce le baptême de ce parent ou celui de l’enfant qui est en jeu ?
Lors du baptême de François un matin, toutes les personnes présentes furent frappées de voir le calme, la paix du bébé pendant le reste de la journée.

À cinq ans Alexis disait : « Le baptême c’est quand Jésus est né dans mon cœur ». Le Seigneur touche d’une manière personnelle les enfants dès le premier âge. Il le fait délicatement, comme avec une plume pour toucher le petit. Certains parents se souviennent d’un sourire du bébé répondant à un « Je vous salue Marie » de la mère ou du père, ou à un chant de louange.
Brigitte, 25 mois, à la prière du soir, après avoir embrassé l’icône, la fait embrasser à son frère de neuf mois. Gabrielle, quatre ans, au milieu d’une prédication entendit le prêtre dire : « Voulez-vous suivre Jésus, oui ou non ? » Elle s’écria d’une voix enthousiaste : « Oui ! »
Un enfant était décédé, sa sœur et son frère, sept et quatre ans discutaient. « Mais qui donne ses habits à Pierre au ciel le dimanche ? » La soeur répondit : « C’est Marie, elle lui met les habits de Jésus quand il était petit. » C’était très juste, comme Rebecca pour Jacob, Marie nous donne les vêtements du salut, les vêtements de Jésus. Rose Marie de Casabianca, psychologue clinicienne spécialiste des très jeunes enfants, rapporte dans son livre L’enfant capable de Dieu, de nombreux faits témoignés par des parents qui ont travaillé avec elle, ou qu’elle a elle-même observés, sur les enfants jusqu’à trois ans.

La soupe au lait

Pie X et la première communion
Avant sa mort à 90 ans une de nos tantes nous a envoyé une photo datant de 1917. On y voit notre mère âgée alors de cinq ans, qui fait sa première communion. Pie X venait, en 1910, d’autoriser et de recommander la première communion le plus tôt possible. Plus qu’autoriser, il demandait fermement que les enfants puissent se confesser et communier dès l’âge « de discrétion ». C’est le décret Quam singulari, sur la communion des enfants (8 août 1910). L’âge de discernement (« âge de discrétion ») était évalué autour de sept ans, mais plus tôt dès lors que l’enfant distinguait bien le pain eucharistique du pain ordinaire.

Ne pas retarder la première communion

Dieu attend quelque chose de nous
 
Nous pouvons demander une grâce pour aimer les enfants tels qu’ils sont, et prier pour qu’ils rencontrent Jésus. Évangélisons-les. Les enfants ont aussi des crises spirituelles.
Une petite fille qui était bloquée pendant la prière : à la suite de l’annonce du décès d’une personne dans l’entourage, elle était tourmentée par le crucifix et la mort de Jésus. Après avoir prié Marie, le père prit du temps pour parler et écouter la petite fille. Celle-ci dit son problème. Le père lui parla alors de la Résurrection, et la petite fille retrouva la joie.
On ne sait pas toujours, même avec beaucoup d’attention, ce qui se passe dans le coeur de l’enfant.
Aussi reste-t-il la prière. La prière peut beaucoup aider à dénouer des noeuds invisibles. Une petite fille de cinq ans paraissait insensible aux choses de Dieu. Son grandpère pria beaucoup la Vierge Marie pour elle. Puis, un jour où elle était chez eux, elle attrapa soudain une petite statue de la Vierge et l’embrassa.

Le pardon
Pour le tout-petit, les parents sont un peu l’image de Dieu. Ils aiment, ils pourvoient à tout, ils  savent tout, ils peuvent tout, ils sont le Bien. Mais vient un moment où les défauts des parents
se révèlent à eux. (Et aussi ceux des grands parents…). Le fait pour ceux-ci de demander pardon à l’enfant pour un geste excessif, une injustice dont on se rend compte, une promesse non tenue, cela va libérer profondément l’enfant : les parents ne sont pas Dieu. Avec leurs enfants ils sont frères par rapport à Dieu.

La prière en famille
Dans la prière en famille, les enfants sont sur le même pied que les adultes. On peut leur confier un rôle : dire les saints de la famille et tout le monde répond : priez pour nous ; présenter l’eau de Lourdes à boire, demander un chant, dire quelque chose à Jésus, ouvrir la Bible pour choisir un texte en le montrant du doigt, enfin souffler les bougies. Les enfants ont besoin de concret, de rituel, surtout les plus jeunes. Cette expérience de la prière en famille leur restera toute leur vie, quoi qu’ils fassent, quelle que soit la distance qu’ils prendraient avec la vie chrétienne.

Marie et les enfants

La Vierge Marie témoigne elle-même de la capacité des enfants à accueillir le don de Dieu.
À Lourdes, à Pontmain, à l’Île Bouchard elle apparaît à des enfants. De même en différents
pays, comme par exemple en Équateur, en 1708 où la Vierge guérit une petite fille blessée ;
depuis, Nuestra Señora Natividad del Guaico, à 2500 m d’altitude dans les Andes, province de
Bolivar, est devenu un pèlerinage national.
Au Portugal, à Fatima, Marie apparaît à plusieurs reprises à trois enfants, Lucie, Francisco et Jacinta en 1916-1917. L’Ange du Portugal apparaît aux enfants et leur donne la communion. Jacinta a alors six ans. En Belgique en 1932-1933, à Beauraing, la Vierge apparaît à cinq enfants.

 

La résurrection racontée par un enfant
Jacques, un peu moins de quatre ans, raconte la Résurrection : « Jésus était mort. On l’avait mis dans le tambour [tombeau]. J’ai pris les qués [clés] de papa, j’ai ouvert la porte du tambour. Jésus avait bobo partout. Il marchait avec deux cannes. Je l’ai mis dans la voiture de papa et je l’ai amené à la maison. Et hop ! Il est ressuscité ! »

La confirmation d’un enfant de deux ans
Philippe avait deux ans. Ses parents devaient recevoir l’évêque à dîner. Mais ils lui téléphonent : « Philippe doit être hospitalisé demain, il a une leucémie ». L’évêque vient, et donne la confirmation à l’enfant. Celui-ci passe deux ans à l’hôpital. En ville ils sont très nombreux à prier pour lui, et l’on peut dire qu’il évangélise ainsi toute la ville. Mais Philippe tient la forme. Il évangélise par son attitude tout l’hôpital. Il dit par exemple à son père : « Maintenant tu me vois, mais peut-être après tu me vois plus. Je serai au ciel et je travaillerai tout le temps. « Qu’est ce que tu feras ? » – « Eh bien quand on me fait une piqûre, vous priez saint Joseph pour moi et ça va bien. Vous me prierez et je vous aiderai. » Aujourd’hui Philippe est bien vivant. Il est devenu moine dans une abbaye bénédictine ; il a été ordonné prêtre.

Évangélisation et catéchisme
N’est-il pas difficile de catéchiser quand l’enfant n’est pas évangélisé ? Il est donc bien nécessaire de tout faire pour évangéliser l’enfant, c’est-à-dire lui faire découvrir Jésus, l’aider à le rencontrer. Il entendra alors Jésus lui dire « Je t’aime ». Bien des catéchistes souffrent du peu d’intérêt des enfants, de leur turbulence, de leur distraction. À  part l’un ou l’autre il semble qu’ils sont là sans véritable participation. En réalité, ils entendent beaucoup. Toute leur vie il en restera quelque chose. Et « au moment favorable » ce sera un levier sur lequel appuiera la Grâce. Je me souviens d’un de mes amis qui évangélisait des clochards et des jeunes routards à la Boutique verte, au quartier latin, à Paris. Dédé, la soixantaine, était un habitué. Un jour on lui demande :

–« Mais toi, Dédé, est-ce que tu es croyant ? »
– « Pauvre idiot, répond Dédé, regarde ! » Et ouvrant sa chemise il montre un grand et magnifique tatouage sur sa poitrine représentant le Christ. Certes il y a des catéchistes qui ont un don pour intéresser les enfants au don de Dieu. Mais la plupart sont obligés de suivre, avec dévouement, un parcours qu’on impose aux enfants. Comment dans ces conditions atteindre le coeur de l’enfant ? Il y avait une dame, professeur de musique dans un lycée, qui avait vite fait dans une nouvelle classe de discerner les élèves faits pour la musique, et les autres, environ 40 % qui n’y pouvaient rien. Or voici qu’elle fit une rencontre personnelle de Jésus et se convertit. Son travail en fut transformé. À chaque nouvelle classe, elle prit le temps d’accueillir personnellement chaque enfant qui ne semblait pas avoir de disposition favorable pour la musique et de l’aider. La proportion d’élèves imperméables à la musique fut réduite à environ 10 %. Chaque responsable d’un cours de catéchèse pourrait procéder de la même façon, avec foi et amour. Croire avec saint Paul que Dieu veut que tout homme soit sauvé. Croire que Jésus dans l’évangile a dit qu’il aimait particulièrement les enfants. Présenter à la Sainte Vierge chaque enfant dont on a la charge. Leur proposer de rencontrer Dieu dans l’adoration eucharistique. Leur permettre de dire, ou de penser dans leur coeur, les demandes qu’ils veulent faire à Jésus pour leurs parents, camarades, voisins, et bien sûr pour eux-mêmes. Encourager à la première communion ceux qui ont compris que c’est Jésus que l’on reçoit dans la communion, et qui désirent le recevoir.

Écouter chaque enfant en particulier et parler avec lui.
Être attentif à celui qui désire recevoir Jésus en faisant sa première communion. Avoir  patience et confiance en Dieu pour celui qui ne la désire pas encore. Ne pas imposer à tous les enfants de faire ensemble automatiquement leur première communion à un âge règlementaire.

Aujourd’hui on a parfois l’impression que le Pape Pie X n’a rien dit, ou s’est trompé. En effet dans beaucoup d’endroits on décide de la première communion sans égard pour chaque enfant, en établissant de façon règlementaire que toute la classe la fera au même âge. Et cetâge est fixé à huit, neuf, dix ou même onze ans. Le but étant de « tenir les enfants au catéchisme » jusqu’à cet âge. On pense en effet que les parents veulent la première communion pour la fête, et qu’on est sûr d’avoir les enfants au catéchisme jusque-là.
Jésus aime les enfants. À nous de leur faire connaître Jésus, à chacun personnellement. Et de leur dire que Jésus les aime. Les enfants ont besoin d’être évangélisés. S’ils rencontrent personnellement Jésus, il sera plus facile de les catéchiser. Comment faire pour les évangéliser ? Prier l’Esprit Saint de nous donner la grâce de parler de Jésus ; dire à l’enfant que Jésus l’aime, qu’il a été petit enfant comme lui ; qu’il est prêt à venir dans son coeur. Jean a fait sa première communion à quatre ans et huit mois. Il avait réussi à se confesser à Lourdes, sa mère leur ayant dit, à son père et à lui « les hommes, on vous retrouve à la chapelle des confessions ». Sorti du confessionnal il dit : « Maintenant je vais faire ma première communion ». Ses parents lui répondent : « Mais tu ne sais pas ce que c’est ». – « Si, c’est quand Jésus vient dans mon coeur ». Le Dominicain auquel il venait de se confesser dit aux parents : « Il comprend l’essentiel, compte tenu de son âge que voulez-vous qu’il dise de plus ? N’arrêtez pas la Grâce. » Il y avait encore une messe dans l’aprèsmidi ; Jean y reçut Jésus.

À l’école, en grande section, on se battait tout le temps. Les maîtresses, dans cette école catholique, étaient pour une « éducation libérale ». Son père dit à Jean : « Quand on est ami de Jésus, on ne se bat pas ». Quelques jours plus tard Jean déclare : « Antoine ne connaît pas Jésus ». – « Comment le sais-tu ? » – « Il a commencé à me battre, je lui ai dit : “Est-ce que tu connais Jésus ?” Il ne le connaissait pas, alors il a continué à me battre ». Jusqu’à sa mort à six ans, Jean ne s’est plus battu.

 

Qui peut faire sa première communion ?
Il n’est pas juste de requérir un savoir, une connaissance théorique abstraite, pour la première communion. On ne doit pas exiger de l’enfant qu’il mérite la communion. Au contraire, comme le disait le décret de Pie X : « Quand on s’attache plus que de droit à faire précéder la première communion de préparations extraordinaires sans remarquer assez peut-être que ces sortes de précautions scrupuleuses dérivent du jansénisme, qui présente l’Eucharistie
comme une récompense et non comme un remède à la fragilité humaine. C’est pourtant la doctrine contraire qu’a enseignée le Concile de Trente, en affirmant que l’Eucharistie est un antidote qui nous délivre des fautes quotidiennes et nous préserve des péchés mortels (ses. 13, De Eucharistia, cap. II), doctrine qu’a rappelée récemment avec plus de force la sainte Congrégation du Concile en permettant, par son décret du 26 décembre 1905, la communion quotidienne à tous les fidèles d’âge avancé ou tendre, à deux conditions seulement : l’état de grâce et l’intention droite. « Et certes, puisque dans l’antiquité on distribuait les restes des Saintes Espèces aux enfants encore à la mamelle, on ne voit aucune raison légitime d’exiger maintenant une préparation extraordinaire des petits enfants qui vivent dans la si heureuse condition de la première candeur et de l’innocence et qui ont le plus grand besoin de cette nourriture mystique au milieu des multiples embûches et dangers de ce temps.» Quant à l’âge, le décret de Pie X donne tout simplement cette indication : « Pour la communion on doit appeler ‘âge de discrétion’ celui auquel on peut discerner le pain eucharistique du pain ordinaire. »

Où faire la première communion ?
C’est possible partout, sauf en des paroisses où sont imposées des règles restrictives : tel âge, telles années de catéchisme, accord de la dame catéchiste, etc. Mais c’est aux parents  qu’appartient la responsabilité de présenter l’enfant à la première communion. Dans le cas, d’une paroisse réluctante, le baptisé ayant droit aux sacrements (droit canonique), il est possible aux parents d’emmener l’enfant dans une paroisse où l’on ne fait pas de difficultés. Ou bien d’aller dans un lieu de pèlerinage, Lourdes, Pontmain, l’Île Bouchard, Sainte Anne d’Auray, Paray le Monial, Cottignac, Ars et tant d’autres ! dans un Monastère ou dans une Communauté nouvelle…

Comment ?
C’est le cas de dire « pas de cérémonies ». La première communion privée est un évènement discret. Ce qui est important c’est la rencontre de l’enfant avec Jésus dans l’Eucharistie. Si l’on fait une fête, qu’elle soit la plus simple possible, elle est tout à fait secondaire. La préoccupation de la fête, des invités, des cadeaux, risque de dissiper la simplicité et la profondeur de la rencontre dans le secret de l’Eucharistie. Et que dire si l’on retarde cette première communion parce que le grand-père, la marraine ou la tante ne peut venir qu’à telle date ! L’intérêt de l’enfant, comme l’on dit en droit civil, prime tout. C’est bien pour cela que l’on parle de « première communion privée ». On pourra faire le cas échéant une fête plus large lors de la profession de foi.