Résumé En 1608, à Faverney
le 25 mai, jour de la Pentecôte, le Saint Sacrement est exposé ;
pendant la nuit un incendie brûle la table -reposoir sur laquelle
était posé l'ostensoir. Le lundi matin on découvre avec stupéfaction
que l'ostensoir se trouve suspendu dans le vide au dessus des restes
carbonisés. Pendant trente trois heures le miracle dure et des milliers
de personnes en sont témoins.
Faverney, à une vingtaine
de kilomètres de Vesoul, était alors une abbaye de Bénédictins.
Ils avaient demandé et obtenu d'organiser un triduum eucharistique
avec exposition du Saint Sacrement à la Pentecôte 1608. Des indulgences
étaient accordées à ceux qui se confesseraient et communieraient.
Le Saint Sacrement,
c'est l'hostie, petite parcelle de pain (ronde) qui devient
le Corps du Christ à la consécration, dans la messe catholique.
A la Communion, chaque fidèle peut recevoir une hostie et ainsi
" il communie au corps du Christ ". Cela est fait en croyant aux
paroles de Jésus Christ lors de la dernière Cène (la nuit où il
fut livré, et ensuite crucifié): " Prenez et manger, ceci est mon
corps, prenez et buvez ceci est mon sang , faites ceci en mémoire
de moi ". Après la messe, les hosties qui n'ont pas été données
en communion aux fidèles sont conservées dans le Tabernacle. On
appelle " Présence Réelle " cette présence de Jésus Christ dans
le Tabernacle. Les Fidèles Catholiques aiment prier dans les églises
où il y a " cette présence réelle ". " L'adoration du Saint Sacrement
" consiste à exposer l'Hostie à la vue des fidèles dans un " ostensoir
": l'Hostie est mise dans un cercle de verre, ou de cristal, lui
même enchâssé dans un soleil ou autre décor d'argent ou de cuivre
doré, avec un pied également décoré d'une trentaine de centimètres
de hauteur. A Montmartre, à Paris, dans l'église du Sacré-cœur,
le Saint Sacrement est exposé jour et nuit, sauf pendant les messes,
et des fidèles " adorateurs " se succèdent jour et nuit toute l'année
pour prier devant lui.
Le miracle de Faverney
se produisit dans la nuit du 25 au 26 mai 1608. Le dimanche
de la Pentecôte avait commencé l'adoration et celle ci devait durer
trois jours. On avait érigé un " reposoir " contre la grille qui
dans les abbayes à l'époque séparait le chœur et la partie réservée
aux moines de la nef ouverte aux fidèles. Ce reposoir consistait
en une table de bois surmontée d'un gradin de bois et d'une étagère
à quatre colonnes, également de bois, rehaussant la table de près
d'un mètre. L'Ostensoir se trouvait donc en haut de cet ensemble.
De nombreuses nappes et étoffes de soie recouvraient table et reposoir,
avec au dessus, accroché à la grille, un dais festonné d'où descendaient
des draperies. La table autel était garnie de fleurs et portait
deux chandeliers de cuivre garnis de cierges, et deux chandeliers
d'étain portant des lampes d'huile qui devaient brûler jour et nuit
devant le saint Sacrement. Jean Garnier, le sacristain, ferma les
portes de l'église à huit heures (heure solaire, dix heures du soir
aujourd'hui) et revint ouvrir à trois heures (cinq heures pour nous).
Il trouva alors l'église remplie de fumée et voit les décombres
du reposoir incendié. Il s'évanouit puis se relève et appelle en
craint: les moines accourent et se précipitent vers les débris fumants
jonchant le sol. On n'y aperçoit rien qui reste de l'ostensoir .
Cependant un novice s'écrie: il a découvert l'ostensoir suspendu
en l'air, légèrement penché vers la grille. L'ostensoir n'est supporté
ni retenu par rien; la grille elle branle chaque fois qu'on la touche
tandis que l'ostensoir reste immobile.
Pendant trente trois heures
l'ostensoir va demeurer suspendu en l'air et des milliers de personnes
arrivent de partout au bruit du miracle et en sont témoins elles
aussi. Au bout de ces trente trois heures l'ostensoir descend doucement,
comme porté par une main, et se pose sur le " corporal " (linge
spécial de la liturgie sur lequel on pose le calice pendant la messe
et le Saint sacrement dans les expositions) qui avait été disposé
en dessous. C'était le moment où un prêtre à l'autel principal déposait
l'hostie sur après l'élévation ( pendant la messe " l'élévation
" est le moment où le prêtre, après avoir consacré l'hostie, qui
devient alors le corps du Christ, l'élève pour la montrer aux fidèles
et la présenter à leur adoration).
L'incendie avait détruit
les deux tiers du reposoir, brûlé les linges et draperies, fait
tomber en grande partie du dais, fondu à moitié l'un des chandeliers
d'étain, noirci l'ostensoir en plusieurs endroits. Mais les deux
hosties, placées l'une contre l'autre dans la lunule (le cercle
), le tube de cristal sous la lunule et dans lequel se trouvait
une relique, et même le bref (lettre) du Pape accordant les indulgences
à l'occasion de cette adoration et qui avait été épinglé devant
la table n'avaient pas brûlé.
La Commission d'enquête
ordonnée par l'archevêque de Besançon entendit dès le 30 mai recueillit
les dépositions concordantes des témoins, elle s'arrêta au nombre
de 54. Aussi Amédée Thierry, professeur à d'université de Besançon,
qui a étudié ces faits avec la rigueur de la critique historique,
conclut: " S'il est un fait matériellement prouvé, c'est incontestablement
celui là.
Il y avait deux hosties : l'une
est conservée à Faverney jusqu'à aujourd'hui. Chaque année
depuis 1608 l'hostie était portée en procession dans la petite ville
de Faverney, avec le concours de processions venant des villages
voisins. En 1725 et en 1753, lors d'incendies, on fit une bénédiction
de la ville avec l'hostie miraculeuse et les incendies cessèrent
de s'étendre. A la Révolution, l'abbaye de Faverney fut fermée,
volée par l'état et déclarée " Bien National " elle fut vendue et
bientôt découpée en nombreuses propriétés. Le Maire voulut faire
brûler l'hostie. Mais sa propre femme eut le courage de s'en emparer
et de la remettre à des personnes sûres. Grâce à elle, elle est
toujours là: petit rond tout brun de 41 millimètres de diamètre.
300 ans après le miracle, en 1908, un Congrès Eucharistique réunit
à Faverney 20.000 personnes dont une dizaine d'évêques et plusieurs
centaines de prêtres. De nombreuses processions continuent d'avoir
lieu à Faverney et à Dole. Le Lundi de la Pentecôte l'hostie sauvée
miraculeusement des flammes est exposée.
Transfert à Dole de la seconde
hostie. La ville de Dole était alors la capitale de la Franche
Comté ; d'archiduc Albert, Gouverneur, soutint la demande de Dole,
et cette seconde hostie fut transférée dans la capitale le 18 décembre
1608 en grande cérémonie, dont on nous a conservé la description.
Cette hostie fut volée, probablement avec son reliquaire, pendant
la Révolution. Cependant jusqu'à une époque récente, Dole fêtait
le Saint Sacrement par une magnifique procession, avec l'hostie
conservée à Faverney: après la seconde guerre mondiale l'une de
ces processions fut présidée par Mgr Roncalli, Nonce en France,
qui plus tard deviendra le Pape Jean XXIII.
Les effets de ce miracle eucharistique
furent sensibles dans cette région: il enraya les progrès du Protestantisme
alors importants autour du pays de Montbéliard. Il suscita la fondation
de Confréries du Saint Sacrement dans presque toutes les paroisses;
favorisa ainsi l'assistance à la messe en semaine, la communion
plus fréquente, l'Adoration perpétuelle.
D'après L. Boillin,
Promenades en Franche-Comté ,
Besançon 1946, Editions Servir
Pour en savoir plus :
Témoignage
d'un protestant sur le miracle de Farvernay
L'abbaye de Favernay
Un fait eucharistique
extraordinaire
Clochers
de Franche-Comté
Le
baptême : pourquoi
et comment le demander ?