Le signe d'un désastre
La plupart des sociétés ont considéré le
suicide comme un désastre. Même si cet acte par exemple
au Japon pouvait être accompli avec courage, ce suicide était
en réalité l'acte ultime d'un échec insupportable.
Le respect de la dignité
humaine
Sur le plan humain, le respect de la dignité
humaine, c'est le respect de toute vie humaine. Y compris la sienne.
Ce qui fonde les droits de l'homme, c'est le respect de la dignité
humaine ; en niant la valeur de ma propre vie, c'est le droit à
la vie des plus pauvres et des plus faibles dans le monde dont je nie
la valeur, la légitimité.
Promouvoir les Droits de l'homme exige que l'on respecte
sa propre vie.
La position des Chrétiens
Les Chrétiens ajoutent à cette réprobation
la question du Ciel : s'il y a une vie après la mort de bonheur
qui nous est promise, le Ciel, ou le Paradis, la vie ici-bas a un but,
" un sens ", une valeur, et l'on ne s'en va pas comme ça.
En effet personne n'a pu se donner la vie à
lui-même. La vie, c'est un don extraordinaire que l'on reçoit,
et les Chrétiens donnent un nom au donateur : le Seigneur Dieu.
En y réfléchissant, il n'y a pas
de raison, de motif à ce don, puisque avant de le recevoir, nous
n'existions pas et ne pouvions donc avoir ni valeur ni mérite.
Il n'y a donc pas d'autre raison à ce don que l'amour gratuit
: en donnant l'existence à un être Dieu aime déjà
celui qui n'est pas encore.
Se suicider c'est donc rejeter le don absolu
de la vie, c'est rejeter l'amour. C'est refuser que la vie terrestre
puisse déboucher ultimement sur une vie d'amour infinie que Dieu
propose. Comme si celui qui nous a appelé du néant à
la vie par amour n'était pas capable de continuer son amour pour
nous au delà de la vie terrestre.
Même s'il y
a eu suicide, l'espérance est toujours possible
Mais la réprobation du suicide ne veut
pas dire réprobation de celui qui s'est suicidé. Si quelqu'un
que nous aimons s'est suicidé, il est possible pour un chrétien
d'espérer : au temps du Curé d'Ars, au 19ème siècle,
une personne s'était suicidée en se jetant d'un pont dans
l'eau. A la personne qui pleurait sa mort et désespérait
de son salut éternel, le Saint Curé dit :
" Entre le pont et l'eau, il a eu le temps de se tourner vers la
miséricorde de Dieu ".
Sépulture chrétienne
?
Longtemps l'Eglise Catholique a refusé
la sépulture chrétienne aux suicidés, pour marquer
une réprobation sociale et spirituelle sur cet acte. Mais aujourd'hui,
on s'est rendu compte que cet acte , le suicide, est un geste effectué
très souvent dans un état de détresse grave. Ce
état de détresse affecte gravement les capacités
de discernement et la liberté.
L'Eglise considère donc qu'il est, le
plus souvent , impossible de juger réellement ce qui s'est passé,
par exemple à quel point le suicidé était malade
psychologiquement. Avait-il les moyens de résister à cette
pression vers un geste fatal ? Aussi, tout en continuant à réprouver
fortement le geste en soi du suicide, l'Eglise applique la miséricorde
aux suicidés et accorde la sépulture dans la plupart des
cas.
Catéchisme de l'Eglise Catholique : "
Lorsque des troubles psychologiques graves, l'angoisse ou la crainte
grave de l'épreuve, de la souffrance ou de la torture sont en
cause, la responsabilité du suicidaire est diminuée ".
(CEC, 2282).
Pouvons nous prier
pour un suicidé ?
Bien sûr nous pouvons prier pour le salut
d'une personne qui s'est suicidée, que ce soit une personne de
notre famille, un ami ou toute autre personne. Les indications précédentes,
et l'exemple de ce que disait le Curé d'Ars nous incitent à
ne pas juger, mais à espérer et à prier.
" On ne doit pas désespérer
du salut éternel des personnes qui se sont données la
mort. Dieu peut leur ménager, par des voies que lui seul connaît,
l'occasion d'une salutaire repentance " ( Cat. De L'Eglise Cath.,
n° 2283).
Ceux qui croient et espèrent le font
par la grâce de Dieu. Et ce même Seigneur Dieu qui nous
a donné cette grâce nous invite à croire et à
espérer pour les autres.
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