Comment
vivre le décès d’un enfant ?
|
|
Qui dira la mort d’un enfant ? Cet élan brisé nous atteint tellement nous-même et ouvre en nous une blessure vivante, une interrogation infinie. Mais pourquoi cette mort nous touche-t-elle tant ? S’il n’est plus, comment l’enfant parle-t-il encore à notre cœur, à notre intelligence ? Serait-ce seulement la mémoire de ce qu’il était ? Ou plutôt, n’est-il pas encore ? S’il n’est pas, s’il n’est plus, comment se fait-il que j’éprouve la douleur d’une séparation, de sa non-présence ? N’est-il pas vrai qu’il est quelque part vivant, pour toujours ? Il avait commencé de vivre, d’être
indépendamment de moi et si près de moi. N’est-il
plus rien ? Dominique nous a quittés tout d’un coup - un
accident à l’âge de six ans. Par quel bond prodigieux
a-t-il atteint l’éternité ? D’autres paroles de l’Écriture sont venues nous donner l’espérance de Dieu. Quand sa mère et moi, nous nous sentions submergés par la tristesse, nous essayions de le voir lui, où il était : “ Il suit l’Agneau partout où il va… ” (Livre de l’Apocalypse, chap. 14, v 4). L’espérance ne supprime pas la peine mais ce don de Dieu nous ouvre à l’avenir. Devant nous, au milieu de nous, le Ciel s’est ouvert. Rien n’est plus comme avant, dit-on ; non la vie n’a plus le même sens, car nous marchons désormais sur le chemin du Ciel. Nous savons quand nous allons communier qu’il est avec Jésus et nous nous rapprochons de l’enfant quand nous nous rapprochons de l’Amour. Rien ne peut diminuer la peine mais la peine n’a pas victoire sur nous. Pourquoi est-il mort ? Dans un cas similaire,
un enfant parlant à son frère de celui qui les avait quittés
disait : “ Jésus est méchant ! Il a fait mourir
notre frère. ” Mais le petit, de cinq ans à peine
lui répondit : “ Non, ce n’est pas Jésus qui
l’a fait mourir, c’est le démon. Mais Jésus
est venu et il l’a pris dans le Paradis. ” Qui peut inspirer
cette réponse à un enfant ? Mais aussi, qui peut vivre
sans être confronté à la mort ? Nous ne vivrons
pas toujours : le confort, le bonheur familial, les distractions ou
les plaisirs peuvent occuper notre présent et masquer nos interrogations
profondes. Mais la mort qui nous atteint de si près dans un enfant,
un être aimé, un ami, ouvre comme une déchirure
dans un univers artificiellement fermé.
|