La souffrance, et encore
plus la mort, ne sont elles pas absurdes ? Dieu lui-même dit qu'il
n'a pas voulu la mort :
" Car Dieu n'a pas fait la mort, il ne
prend pas plaisir à la perte des vivants, il a tout créé
pour l'être " (livre de la Sagesse, 1, 13).
La mort alors, a-telle un sens ?
Même les non chrétiens peuvent
lui donner un sens et une valeur : quand quelqu'un risque sa vie pour
sauver une autre vie : par exemple ces pompiers qui sont morts en se
portant au secours de personnes dans un incendie, ces résistants
ou ces militants, de quelque parti qu'ils soient qui donnent leur vie
pour un idéal, pour que les autres aient une vie meilleure. On
connaît aussi l'histoire du Père Kolbe, un Franciscain
polonais qui a offert de mourir dans " le bunker de la faim "
d'un camp de concentration à la place d'un père de famille.
Même sans aller jusqu'à la mort, combien
de pères et de mères de par le monde, et plus encore dans
les pays pauvres, usent leur vie et souffrent pour assurer la subsistance
et l'avenir de leurs enfants ?
C'est donc l'amour, au sens le plus fort, qui donne
un sens à la souffrance et à la mort, ou plutôt
à l'offrande de la vie. Ainsi quand l'on souffre on peut aussi
en faire un acte d'offrande, un acte d'amour, en union avec le Christ
qui a souffert sa passion et donné sa vie " en rachat pour
la multitude " :
" Ma vie nul ne la prend, mais c'est moi qui la donne ".
Jésus aussi a pourtant connu, comme beaucoup
des hommes, l'angoisse de la mort, au jardin de Gethsemani. Mais sa
Résurrection donne le sens ultime à la vie et à
la mort. La mort ne peut vaincre l'amour, car Dieu est Amour.
Le Cantique des Cantiques, un des plus beaux
textes de la Bible, se termine par ces paroles ; " L'amour est
plus fort que la mort, c'est une flamme de feu, les grandes eaux ne
peuvent l'éteindre ".
Des mots, de belles intentions peuvent ils supprimer
la souffrance et l'horreur de la mort, dira-t-on ? Non, mais même
sans être un héros, même en souffrant sans pouvoir
prier ni parler, il suffit de l'intention. Une femme qui éprouvait
de grandes douleurs dans la phase terminale de sa maladie, à
une époque où l'on connaissait mal les soins palliatifs,
offrait cette souffrance pour que ses deux fils fassent quelque chose
de beau dans leur vie.
Un homme qui commençait à être
atteint de la maladie d'Altzeimer, à un moment où il comprit
que tout lui échappait, disait " mon Dieu j'accepte ".
L'un et l'autre continuaient à vivre leur épreuve, mais
ils lui avaient donné un sens , une valeur.
Dans ces moments là, tout est difficile ; il
semble que l'on n'espère pas, mais pourtant notre cur veille
; et nos proches, ceux qui nous visitent peuvent par leur présence
humble et aimante, par leur espérance et leur prière,
nous aider à donner à cette vie qui nous échappe,
la valeur et le sens de l'amour . C'est ce qu'a vécu un grand
journaliste, spécialiste du " futur ", qui avait très
peur de la mort. Il se faisait lire des passages de la Bible, demandait
qu'on lui explique encore telle question sur Dieu qu'il avait du mal
à accepter. Et il demandait à sa femme de prendre sa guitare
pour louer le Seigneur pour lui, par un cantique.
ENCADRE : Les Béatitudes
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