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François-Mathurin Gourvès,
évêque de Vannes, déclaré « Breton de l'année » par le magazine « Armor » |
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Pour des raisons que nous avons déjà expliquées, nous avons décidé il y a deux ans de de suspendre l'élection du Breton de l'année. Réuni il y a quelques mois, lle comité éditorialcoup de chapeau soit donnél d'Armor magazine a souhaité que, malgré tout, un coup de chapeau soit donné donné à une personnalité, pour ses actions en faveur de la Bretagne. Armor magazine.- Avez-vous toujours été sensible à la culture bretonne ou l'avez vous découverte en chemin ? Mgr Gourvès – Jusqu'à l'âge de sept ans je n'ai parlé que breton. Et, adulte, j'ai toujours été sensible à la culturebretonne car, pour moi, la culture c'est la reespiration de l'homme; c'est tout ce qui fait l'homme et le met à l'aise:cela veut dire la langue, le chant, les paysages... Quand je quitte la Bretagne et que j'y reviens, je suis happé par levent, par la musique. a. m.- Longtemps, la Bretagne, sa culture, sa spiritualité ont été en phase avec l'Eglise. Puis, un fossé s'est creusé. Comment expliquer cette évolution ? Mgr Gourvès- Je l'explique dans ma lettre pastorale : autour des années 50, il y a eu une rupture. On a tellement fait honte aux Bretons de parler leur langue que, progressivement, c'est devenu un handicap, non seulement linguistique, mais également social. Du coup, on a arrêté de transmettre la langue. Il faut quand même dire que pendant deux siècles, c'est l'Eglise qui a sauvé le breton alors que l'école, catholique ou publique, l'abandonnait. Mais, à un moment, les prêtres prêchant en breton, n'étaient plus compris des nouvelles générations. Etant au service d'un peuple, ils ont, c'est vrai, accompagné ce mouvement de recul. a.m.- Puisque l'on parle de l'après-guerre, selon vous, les accusations portées contre certains Bretons en matière de collaboration ont-elles joué un rôle ? Mgr Gourvès- Les événements douloureux de la guerre ont eu un effet certain, notamment ce qui a été dit, de manière injuste, contre l'abbé Yann-Vari Perrot. II en a découlé un sentiment de honte et d'humiliation. L'image de l'Eglise s'en est trouvée compromise et, du coup, l'Eglise a observé une grande prudence. Un déclic: la visite du pape a.m.- L'Eglise a accompagné le déclin de la langue. Aujourd'hui, elle accompagne son renouveau. Mgr Gourvès- On peut dire cela. II faut préciser que, depuis longtemps, il y a dans les diocèses une commission bretonne chargée de réfléchir et de faire des propositions. A Tréflévenez, il y a une sorte de laboratoire où l'on mijote un peu tout cela. Dans le diocèse de Vannes, une commission chemine avec le père Le Dorze, recteur de Ste-Anne, avec le père Blanchard, avec Mériadeg Henrio, avec le curé de Guémené s/Scorff et des laïcs. a.m.- Venons-en à la lettre pastorale que vous avez publiée et où vous exhortez l'Eglise et l'école catholique à promouvoir la culture bretonne. Pourquoi la sortir maintenant ? Mgr Gourvès- Je la sors maintenant car ü fallait du recul pour qu'une parole d'Eglise soit reçue. La faire plus tôt aurait été prématuré. Je pense aussi que le passage du pape en Bretagne a déblayé le terrain. Depuis quelque temps, sur place, je me rends compte que de plus en plus d'enfants apprennent le breton. II est nécessaire que l'Eglise accompagne ce phénomène. D'autre part, j'avais envie de rejoindre les gens dans leurs préoccupations. Je l'ai fait pour la culture mais également lors d'une autre lettre adressée aux agriculteurs. Nous nous devons d'être à l'écoute Il y avait une attente a. m. - Le succès de cette lettre vous a-t-il surpris ? Mgr Gourvès - J'ai été surtout surpris de l'ampleur de la réaction. Mais il y avait certainement une attente des Bretons d'une parole d'Eglise car, peutêtre, avaient-ils l'impression que l'Eglise les avait abandonnés. On sent cette attente : prenez le Tro Breizh où de nombreux pèlerins ne sont pas au coeur de la foi ; ils y participent parce qu'ils sentent que l'Eglise est porteuse de quelque chose de fort. a.m.- Comment ces idées que vous lancez vont elles trouver leur application dans la vie pastorale ? Mgr Gourvès - Je vais vous donner quelques exemples : nous sommes allés à Lourdes et nous avons emporté la traduction en breton unifié du missel du dimanche. C'est la première fois que cela se fait. Une langue extraordinaire a.m.Cela vous rend optimiste pour la langue bretonne ? Mgr Gourvès- Je crois beaucoup à la langue. Je pense que, demain, tout le monde parlera plusieurs langues : les enfants apprendront l'anglais, le français mais aussi le breton pour ceux qui le veulent car c'est une langue extraordinaire avec son propre génie. Je suis donc optimiste quant à la capacité des gens à apprendre mais c'est vrai qu'après, quand on parle de Diwan ou d'enseignement bilingue, cela devient une affaire politique.
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